Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le bureau du Premier ministre, à Besiktas, sur les bords du Bosphore, à environ un kilomètre de Taksim, la place d'où est parti la contestation, est l’objectif des manifestants depuis maintenant cinq jours.
Et toute cette nuit encore, ils ont tenté de passer les barrages de police pour envahir le bâtiment, qui est situé dans une aile du palais de Dolmabahçe. Affrontements, gaz lacrymogènes et canons à eau, tout ce qui a fait la violence de ces derniers jours, a ressurgi une nouvelle fois.
Dans le même temps, sur la place de Taksim, les manifestants continuaient à monter la garde, pendant que certains dormaient dans le parc avoisinant. Une nuit presque ordinaire, désormais, à Istanbul.
Un pas vers l'apaisement
Si le Premier ministre Recept Tayyip Erdogan poursuit sa tournée au Maghreb - il est en Algérie -, son vice-Premier ministre, qui est lui resté en Turquie, a présenté mardi ses excuses aux manifestants.
C’est lui, Bülent Arinç, qui a la main désormais. Et la journée va être importante, puisqu'il doit rencontrer les opposants à la destruction du parc, qui sont regroupés dans la plateforme Taksim.
L’annonce de cette rencontre, mardi, a fait l’effet d’une petite bombe politique, il faut le dire. Ce groupement d’associations va essayer de proposer des solutions alternatives à la destruction du parc, la raison pour laquelle ces manifestations ont commencé, il y a maintenant plus d’une semaine.
En dépit des violences, l’atmosphère de décrispation est palpable à Ankara depuis mardi, avec l’annonce de cette rencontre certes, mais aussi avec l’entrevue surprise, menée par le vice-Premier ministre avec le député de l’opposition Sırrı Süreyya Önder, un député du parti pro-kurde, qui s’était opposé aux pelleteuses dans le parc. C’était mercredi dernier, il y a donc une semaine, au tout début du mouvement
M. Önder a salué le début d’un processus démocratique, confirmant donc que la négociation était désormais à l’œuvre, entre les autorités turques et la rue, en quelque sorte.
Soutien syndical
Sur le terrain, les manifestants devraient recevoir un nouveau soutien syndical, ce mercredi. Après la Confédération des syndicats du secteur public (Kesk), qui a appelé hier à deux jours de grève, c’est à son tour la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (Disk), revendiquant 420 000 membres, qui devrait rejoindre le mouvement.