Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a infligé 25 ans de prison à Jadranko Prlic pour les transferts de population, les expulsions, violences, traitements inhumains commis pendant la guerre par les Croates de Bosnie à l’encontre des Bosniaques musulmans, mais aussi des Bosno-Serbes.
Entre 1991 et 1994, Jadranko Prlic était le principal dirigeant croate de Bosnie, devenant en 1993 le Premier ministre de l'Herceg-Bosna, la République croate autoproclamée, constituée sur le territoire de la Bosnie occidentale et de l’Herzégovine.
Sévices et tortures
Pour le tribunal, les fonctions de Jadranko Prlic lui donnaient tout pouvoir sur les centres de détention de sinistre mémoire comme l’Héliodrom, Vojno ou Ljubuski où des milliers de Bosniaques ont été soumis à des sévices et des tortures.
Outre les musulmans, cette condamnation pourrait porter pour les Serbes une charge symbolique, car le tribunal a été violemment accusé en Serbie et en Republica Servska de ne condamner que des hauts responsables serbes et bosno-serbes.
Après l’acquittement fin novembre du dirigeant kosovar, Ramush Haradinaj, et de l’ex-général croate, Ante Gotovina, le TPIY avait été accusé d’être politisé. La condamnation du plus haut responsable politique croate survivant pourrait atténuer ces critiques.