Depuis l’annonce de son abdication par la reine Beatrix il y a trois mois, les Néerlandais s'étaient préparés à une journée de fête. Ils avaient ressorti leurs vêtements orange, les couronnes gonflables, les sabots, tous de la couleur de la maison d’Orange-Nassau, qui préside à la destinée des Néerlandais depuis cinq siècles, comme stadhouder* des Provinces-Unies d’abord, puis comme souverains des Pays-Bas depuis 1813.
Aujourd’hui, on attendait 800 000 personnes à Amsterdam pour l’intronisation du roi. Les festivités officielles avaient débuté dès hier soir par un grand banquet réunissant têtes couronnées et dignitaires du royaume. La fête populaire animait déjà les rues et les canaux d’Amsterdam, des autres grandes villes et même de modestes bourgades de province. C’est un peu l’ambiance d’une rencontre de football, un derby entre l’Ajax d’Amsterdam et le Feyenoord de Rotterdam, où évidemment la Hollande est gagnante quoiqu’il arrive.
Ce matin, la foule s'est pressée devant le palais sur le Dam, au centre de la capitale, où les services municipaux avaient achevé d’enlever lundi tous les vélos oubliés. La reine Beatrix a signé à 10 heures son acte d’abdication, aussitôt contresigné par son successeur et fils, 7e souverain des Pays-Bas et 4e roi seulement depuis 1813. Vers 10h30, depuis le balcon, Beatrix, Willem-Alexander et Maxima devaient saluer les Amstellodamois. En face, le grand magasin Bijenkorf a monté sur son toit deux couronnes gonflables de dix mètres de haut.
Après l’intronisation, une parade royale était prévue sur les canaux, dont beaucoup ont été exceptionnellement mis à sens unique pour la journée. Devait s'ensuivre une journée de fêtes diverses jusque tard dans la nuit. Une ambiance bon enfant pour une fête nationale peu fréquente, les passations de pouvoirs précédentes entre l’arrière-grand-mère, la grand-mère et la mère du futur roi ayant eu lieu respectivement en 1948 et en 1980.
* fonction politique et militaire médiévale