Avec notre correspondante à Athènes, Amélie Poinssot
C'est l'arrestation de quatre jeunes hommes, puis la publication par la police de photos retouchées de leurs visages tuméfiés qui a été l'élément déclencheur, cet hiver. Avocats, médecins et militants ont décidé de se mobiliser. Un comité s’est formé, composé d'organisations humanitaires, parmi lesquelles la Ligue des droits de l'homme et l'association de défense des droits des détenus.
Yannis Bouzoukos, le père de l'un de ces jeunes violentés, explique les faits : « Ils l'ont menotté, les mains derrière le dos, et pendant qu'il était menotté, ils l'ont maltraité. Ils lui ont mis un sac de supermarchés sur la tête et ils ont commencé à le frapper. Coups de poing, coups de pied, dans l'estomac, dans le dos, et surtout sur la tête. Ça a duré 4 heures. »
La police accusée d'être noyautée par le parti néonazi
L'avocat Dimitris Katzaris, qui défend des activistes arrêtés à l'automne dernier lors d'une manifestation antifasciste, explique que ces jeunes également ont été victimes de sévices. « Il s'agit de policiers qui ont déclaré ouvertement leur identité politique, c'est-à-dire qu'ils appartiennent au parti grec néonazi », affirme l’avocat.
« Ils se sont mis à taper sur les gens qu'ils avaient en main, à l'intérieur du commissariat. On ne peut pas dire qu'il s'agit d'un incident isolé de violence policière, comme cela peut arriver, parfois, dans n'importe quel pays d'Europe. Cela s'est passé dans le bâtiment central de l’administration policière grecque ! C'est un choix délibéré, je pense, qui vient d'en haut, du ministère », accuse Me Katzaris.
La Grèce a été maintes fois condamnée pour ses violences policières par la Cour européenne des droits de l'homme. L'objectif est donc de mettre fin à l'impunité. Pour son lancement, le Comité contre l’arbitraire policier et la torture avait rassemblé la presse dans un lieu hautement symbolique d'Athènes. Là, justement, où étaient torturés les opposants à la dictature des Colonels.