Réactions internationales au décès de Margaret Thatcher

Les chefs d’Etat ont été nombreux à réagir à l’annonce de la mort de Margaret Thatcher, décédée lundi 8 avril à l’âge de 87 ans. Si les hommages et les louanges se sont multipliés, certains ont aussi rappelé les côtés sombres de la «Dame de Fer», notamment en Afrique du Sud, où l’ANC a rappelé qu’elle a «échoué» à accorder une légitimité au parti de Nelson Mandela dans sa lutte contre l’apartheid.

À l’annonce de la nouvelle, la reine Elizabeth a fait part de sa « tristesse » et le chef du gouvernement britannique conservateur, David Cameron, a immédiatement écourté sa visite en Espagne. « Nous avons perdu un grand dirigeant, un grand Premier ministre et une grande Britannique », a-t-il déclaré.

La « Dame de Fer », anticommuniste convaincue

À l’étranger, c’est de l’ancien président polonais qu’est venue l’une des premières réactions. Lech Walesa, chef historique du syndicat Solidarnocz, a salué la mémoire de « celle qui a contribué à la chute du communisme en Pologne et en Europe de l'Est. »

Margaret Thatcher avait été l’interlocutrice directe de Mikhaïl Gorbatchev qui rend aujourd’hui hommage à « une personnalité politique dont la parole était très écoutée. »

À propos de leurs relations, le dirigeant soviétique de la glasnost explique : « Au bout du compte, nous avons appris à nous comprendre, et cela a contribué à modifier le climat des relations entre notre pays et l'Occident et cela a permis la fin de la Guerre froide. »

Les Etats-Unis perdent « une vraie amie »

Aux Etats-Unis, Barack Obama a salué la fidélité indéfectible de Margareth Thatcher : « Avec le décès de la baronne Thatcher, les Etats-Unis perdent une vraie amie », a déclaré le président américain. Une amie, et « une femme qui avait appris qu'un dirigeant doit avoir des convictions fortes », selon les mots de l’ancien secrétaire d’Etat américain, Henry Kissinger.

« Ses contributions et ses réserves » au projet européen

En Europe également, les hommages se sont multipliés. La chancelière allemande, Angela Merkel, a ainsi salué une femme qui « a marqué la Grande-Bretagne moderne comme peu l'ont fait, avant ou après elle. » Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, a salué « une grande femme d’Etat », mais a souligné que l’Union européenne « se souviendra d'elle pour à la fois ses contributions et ses réserves vis-à-vis de notre projet commun ».

Il faut dire qu’à l’époque où elle était au pouvoir, les relations entre la « Dame de Fer » et les institutions européennes étaient plus que houleuses. Des relations que le président français, François Hollande, a pour sa part qualifiées de « franches et loyales » avec la France.

Les souvenirs des mineurs grévistes et des militants antiapartheid

Quelques sons discordants dans ce concert de louanges. Sur la scène intérieure britannique, David Hopper, responsable régional du syndicat des mineurs dans le nord-est de l'Angleterre juge que Margaret Thatcher « a fait plus de mal dans le nord-est que qui que ce soit d'autre. Il ne s'agit pas seulement des mines de charbon. Elle a entrepris de détruire les syndicats. Elle a décimé l'industrie, détruit nos communautés », a déploré le syndicaliste.

Sur la scène internationale, un bémol est également venu d’Afrique du Sud. Le Congrès national africain au pouvoir a rappelé par la voix de Keith Khoza, son porte-parole, que Margaret Thatcher, lorsqu’elle était Premier ministre « a échoué à reconnaître l’ANC comme le parti légitime pour gouverner. Mais elle n'était pas sur la même longueur d'onde que le peuple britannique sur ce sujet et l'eau a coulé sous les ponts depuis », a-t-il déclaré.

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