Avec notre correspondant à Vienne, Nathanaël Vittrant
Dès 1938, 25 des 120 musiciens de l’Orchestre appartiennent au parti nazi. Un an plus tard, c’est la moitié du philharmonique qui déclare ainsi son allégeance à Hitler. Une proportion sans commune mesure avec la société autrichienne de l’époque.
Dix pour cent de la population environ avait adhéré au parti nazi.
75 ans presque jour pour jour après l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, l’orchestre philharmonique regarde enfin son passé en face. Et il est peu glorieux. Car l’enquête révèle que cette politisation de l’orchestre ne s’est pas arrêtée après la guerre.
Un temps écarté, les anciens nazis sont peu à peu revenus. De 1954 à 1968, le philharmonique a même été dirigé par un ancien nazi, et pas n’importe lequel : Helmut Wobisch fut membre de la SS et collaborateur de la Gestapo.
Pour le Français Dominique Meyer, directeur général de l’opéra de Vienne, cette opération de transparence est tout de même à mettre au crédit de l’orchestre philharmonique. « Toute une génération a complètement nié ce qui s'est passé pendant la période nazie. Le premier qui a ré-ouvert au fond ce sujet, c'est le président actuel de l'Orchestre », explique Dominique Meyer. « Il a écrit pour la première fois un texte en 1988 sur les musiciens qui avaient été chassés, maltraités, déportés, tués. L'histoire, c'est l'histoire. On a, comme on dit en France, un devoir de mémoire. Je crois que ça a été bien compris ici, maintenant ».
Les résultats de cette enquête sont publiés dès aujourd’hui et dans leur intégralité sur le site Internet de l’orchestre, à consulter ici.