C’est depuis 1995 que Laszlo Csatary vit à Budapest, dans un immeuble moderne situé dans un quartier chic de la capitale hongroise. Malgré son âge avancé, 97 ans, des voisins indiquent qu’il conduit encore sa voiture, une Ford Scorpio gris foncé, garée dans le parking de l’immeuble. Sur sa boîte aux lettres deux noms, « Csatary/Smith », qui désignent une seule et même personne. Il s’agit de Laszlo Csatary, le chef de la police au ghetto juif de la ville slovaque de Kosice.
15 700 juifs originaires de ce ghetto ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale, certains ont été assassinés et l’immense majorité a été déportée vers le camp d’extermination d’Auschwitz, en Pologne occupée. D’après les documents du Centre Simon-Wiesenthal, consacré à l’Holocauste, Laszlo Csatary a traité cruellement les juifs de Kosice, fouettant les femmes et leur faisant creuser des tranchées à mains nues.
Condamné à mort par contumace en 1948 dans l’ex-Tchécoslovaquie, Laszlo Csatary s’était réfugié au Canada. Sous une fausse identité, il a été marchand d’art à Montréal et à Toronto. En 1995, les autorités canadiennes ont découvert sa véritable identité. Avant de s’enfuir en Hongrie, il avait reconnu devant des enquêteurs canadiens sa participation à la déportation de juifs, tout en affirmant que son rôle avait été « limité ».
Le Centre Simon-Wiesenthal a fourni des informations au journal The Sun
Laszlo Csatary a été retrouvé par des journalistes du tabloïd britannique The Sun, qui a annoncé la nouvelle, dimanche 15 juillet, sur son site en ligne. Efraïm Zuroff, directeur du bureau du Centre Simon-Wiesenthal en Israël, a confirmé que The Sun a pu photographier et filmer le criminel nazi, grâce à des informations fournies par le centre dès septembre 2011. Au même moment ces informations ont été transmises au parquet de Budapest.
« C’est la quatrième fois que The Sun collabore avec nous pour faire pression sur des autorités qui traînent les pieds pour retrouver des nazis », a expliqué Efraïm Zuroff. Il a précisé aussi « qu'il y a dix mois, un informateur nous a donné des renseignements qui nous ont permis de localiser Laszlo Csatary à Budapest. Cette informateur a reçu la prime de 25 000 dollars que nous accordons contre des informations permettant de retrouver des criminels nazis ».
Les crimes nazis sont imprescriptibles
Que va-t-il se passer désormais avec Laszlo Csatary ? Le chef adjoint du parquet de Budapest s’est borné à indiquer qu’une enquête était en cours. Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré qu’il devrait répondre de ses actes devant la justice, en soulignant que « les crimes nazis sont imprescriptibles ». Invité sur l'antenne de RFI, Serge Klarsfeld, historien et avocat de la cause des déportés en France, estime qu’il devient de plus en plus difficile de juger les anciens nazis encore en vie.
Cette situation est principalement due au fait qu’il manque aujourd’hui des témoins encore en vie et également des documents écrits sur les faits jugés. Par ailleurs, selon Serge Klarsfeld, on ne veut pas juger des gens qui ne peuvent pas se défendre. Il cite le cas de John Demjanjuk, ancien gardien dans le camp d’extermination de Treblinka, jugé à plusieurs reprises et qui était un « vieillard grabataire » lors de son dernier procès, qui s’est déroulé entre 2009 et 2011 à Munich.