Bulgarie: le gouvernement démissionne sous la pression de la rue

Le Premier ministre Boïko Borissov a annoncé devant le parlement la démission de son gouvernement, ce mercredi 20 février. Cette démission intervient après une dizaine de jours de manifestations parfois violentes contre les tarifs de l'électricité et à quelques mois des législatives, prévues en juillet prochain.

Le gouvernement de centre droit de Boïko Borissov avait pourtant une cote de popularité élevée. Mais son échec flagrant à résoudre la crise sociale qui secoue le pays depuis une dizaine de jours l’a finalement conduit à sa perte.

C'est la hausse brutale des factures d'électricité qui a poussé les Bulgares dans la rue, il y a un peu plus d'une semaine. En décembre et janvier, surtout, les factures ont été particulièrement élevées. En cause : le manque de ressources propres du pays.

Privatisation critiquée

Le développement du nucléaire a été stoppé depuis l'entrée de Sofia dans l'Union européenne, en 2007. Il lui faut donc importer du gaz de Russie, en attendant de développer ses propres gisements. Mais beaucoup de Bulgares regrettent aussi la privatisation du secteur de l'électricité. Le marché est en effet aujourd'hui aux mains de trois opérateurs étrangers : deux tchèques et un autrichien.

Le tchèque CEZ a l'exclusivité de la distribution du courant dans l'ouest du pays, et donc à Sofia, la capitale. CEZ est donc l’une des cibles principales de la colère des manifestants, poussant les autorités à annoncer qu'elles allaient lui retirer sa licence. Le gouvernement a aussi infligé des amendes aux trois opérateurs.

Mais cela n'a pas suffi. Pas plus que la promesse de baisser de 8% le prix de l'électricité le mois prochain. Le prix du courant a cristallisé un mécontentement très fort de la population, qui n'en peut plus de la corruption, des très bas salaires et de l'austérité.

Ce mardi 19 février, les manifestations ont de nouveau été violentes, faisant onze blessés. « Je ne participerai pas à un gouvernement sous lequel la police frappe les gens », a déclaré Boïko Borissov devant le Parlement bulgare, pour expliquer les raisons de la démission de son gouvernement.

Elections anticipées

La Bulgarie, qui est le pays le plus pauvre de l'Union européenne, est également contrainte à une sévère cure d’austérité, depuis une grave crise en 1997. Des élections anticipées vont être organisées prochainement. Mais pour les observateurs, le prochain gouvernement ne devrait pas être beaucoup plus populaire que le gouvernement sortant : les caisses de l'Etat sont vides et la population pourrait être appelée à de nouveaux efforts.

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