Avec notre envoyée spéciale à Sotchi, Anastasia Becchio
Dans son petit bureau situé en face de la nouvelle gare en construction, Semion Simonov reçoit de plus en plus de plaintes de la part des employés des chantiers environnants : salaires impayés ou retenus plusieurs mois, passeports confisqués, contrats inexistants, journées de travail de 12 heures.
« Des ressortissants du Tadjikistan et d'Ouzbékistan se sont adressés à nous. Ils travaillaient à la construction du centre de presse des JO et durant plusieurs mois, ils n'avaient pas touché leur salaire, rapporte Semion Simonov. On a aussi le cas d'une brigade d'Ouzbékistan, qui travaillait à la construction d'un hôtel pour les journalistes. Le patron a pris tous les passeports pour soi-disant accomplir les formalités, établir des contrats... Il leur a dit quel salaire ils allaient toucher. Mais au bout de 20 jours, il est revenu avec les passeports et leur a demandé de partir, parce qu'ils avaient mal fait les travaux. Et du coup, il ne leur a pas payé les salaires promis. »
Dans son rapport, Human Rights Watch (HRW) appelle la Russie à faire du contrôle rigoureux des droits des travailleurs sur les sites de construction olympiques, une de ses priorités pour empêcher d'autres abus. Une requête à laquelle la Russie n’a visiblement pas l’intention de donner suite : le vice-Premier ministre chargé des travaux des JO, Dmitri Kozak, estime qu’il n’y a « pas assez de plaintes pour mériter un rapport international ».