Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Cette loi, qui prévoit jusqu’à 12 500 euros d’amende pour tout « acte public » potentiellement considéré comme de la « propagande de l’homosexualité auprès des mineurs », s’inspire de législations similaires, déjà en vigueur dans plusieurs régions russes, notamment à Saint Petersbourg. Son examen en première lecture à la Douma a donné lieu à de violentes altercations entre opposants et partisans.
« Moscou n’est pas Sodome ! », scandent plusieurs dizaines d’activistes ultra-orthodoxes réunis devant la Douma.
Deux dames âgées, emmitouflées dans de gros foulards de laine bénissent l’assistance avec une croix en bois et une petite icône. Un militant de la cause gay n’a pas le temps de déployer sa pancarte, qu’elle lui est violemment arrachée par Vladimir, l’un des militants ultra-orthodoxes.
« Un homme doit rester un homme et une femme doit rester femme. C'est comme ça que ça été créé, pourquoi le changer ? La société russe regarde malheureusement de plus en plus vers l'Occident. Mais ça n'est pas normal, personne n'exhibe ses anomalies, au contraire on essaye de les cacher », martèle Vladimir.
Andrei, lui, est venu soutenir ses amis homosexuels. « J'ai honte que de telles choses se déroulent dans nos rues. La communauté homosexuelle va être obligée de s'enfoncer encore plus dans la clandestinité, parce qu'une personne, ne pourra plus, par exemple, dire à la télévision qu'elle est gay, lesbienne... Après cela, elle sera accusée de propagande de l'homosexualité et elle pourra être sanctionnée. Je voudrais que notre Russie bien aimée soit un pays libre, honnête et ouvert pour tout le monde », explique-t-il, emmitouflé dans son manteau maculé de peinture et de tâches d’œufs lancés par les activistes homophobes.
Au bout de quelques minutes, la police intervient, mais c’est pour interpeller sans ménagement une vingtaine de militants homosexuels. Du gaz lacrymogène est lancé. Les activistes orthodoxes, eux, ne seront pas inquiétés.