Avec notre correspondant à Vienne, Blaise Gauquelin
En tournant le dos à l’armée de métier, l’Autriche nage à contre-courant en Europe. Et pour justifier leur choix, les Autrichiens évoquent en premier lieu la discipline : faire l’armée, ça serait toujours utile pour apprendre à vivre ensemble !
En fait, dans une nation qui a reconstruit son identité sur la neutralité après 1945, lancer une réforme de cette envergure paraissait prématuré. Le débat public s’est focalisé sur le projet européen de défense et l’intégration à l’Otan, dont la population autrichienne ne veut pas entendre parler. Or, passer à une armée de métier constituait le premier pas vers un abandon de la neutralité, perçue comme un facteur de stabilité et de prospérité.
Sans surprise les personnes âgées ont voté pour que les jeunes continuent de défiler sous les drapeaux, tandis que ces derniers se sont majoritairement prononcées pour la réforme.
De manière plus anecdotique, le vote prouve également que les Autrichiens s’émancipent bel et bien du quotidien Kronenzeitung, encore lu par près d‘un habitant sur deux ici. 56% de ses lecteurs ont en effet refusé de suivre le tabloïd dans sa campagne pour la mise en place d’une armée de métier.