Espagne, Portugal, France : forte mobilisation européenne contre l'austérité

Grève générale en Espagne, avec des dizaines de blessés en marge des affrontements ; manifestations au Portugal, où là encore les forces de l'ordre et les manifestants se sont fait face ; arrêts de travail également en France, en Italie et en Grèce : l'Europe des syndicats s'est exprimée ce mercredi 14 novembre, pour protester contre l'austérité.

Avec nos correspondants à Madrid et Lisbonne, François Musseau et Marie-Line Darcy

Le gouvernement de Mariano Rajoy parle d'une journée de tranquillité en Espagne. Mais au final, l'importance des interpellations, et surtout les affrontements entre grévistes et policiers (à Madrid notamment) démentent cette version. 142 arrestations et 74 blessés, tel est en effet le bilan chiffré de la grève générale.

Chacun semble en fait sortir satisfait de cette journée de grève. Les syndicats majoritaires parlent d'un « franc succès » et poussent les autorités à changer de cap et à cesser de pratiquer des « coupes budgétaires assassines ».

Quant aux autorités, elles estiment que la grève a été normale, contrôlée, un peu moins suivie que la grève générale du 29 mars. Si l'arrêt de travail a été presque total dans l'industrie, il est vrai qu'il ne l'a été qu'à moitié dans les transports, et assez peu dans les commerces.

Comme le signalent les observateurs, le mécontentement reste néanmoins fort, puissant. Cette mobilisation sociale en annonce d'autres dans un proche avenir, plus véhémentes, plus radicales.

Echauffourées au Portugal

A Lisbonne, la police a chargé à deux reprises face aux manifestants portugais. Sur la place faisant face à l’Assemblée nationale, les forces spéciales de la police sont intervenues violemment, provoquant un « sauve-qui-peut » général dans les ruelles adjacentes. Un premier bilan de cinq blessés a été fourni par la police.

Chassés de la place du Parlement, les manifestants se sont regroupés côté Tage, à 500 mètres du bâtiment de l’Assemblée. C’est là que s’est produite la seconde charge policière, alors que les manifestants avaient mis feu à des poubelles et cassé les vitres d’un magasin de l’enseigne Mac Donald's.

La police a tiré en l’air pour disperser les manifestants, qui se sont réfugiés dans les stations de métro et de chemin de fer les plus proches. La police a procédé a une quinzaine d’interpellations pour identification. Les autorités affirment avoir répondu à des provocations.

Le ministre de l’Intérieur a dénoncé les professionnels du désordre, qui sont selon lui à l’origine de la violence. La Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP) s’est démarquée des incidents, regrettant les actions violentes. La centrale syndicale, qui avait organisé 24 heures de grève générale, s’est félicitée du niveau d’adhésion observé. Son dirigeant Arménio Carlos a appelé à une nouvelle manifestation le 27 novembre, date du vote définitif du budget d’austérité à l’Assemblée.

Soutiens parisiens

Des milliers de salariés français ont défilé ce mercredi à l'appel de cinq des principaux syndicats du pays. Ils se disent solidaires avec les pays du sud de l'Europe. Pour eux, l'austérité est injuste, et surtout totalement inefficace.

« L'austérité, qu'elle soit en Grèce, au Portugal, en Espagne ou ici, elle est inacceptable, estime Nicole. Il faut que le monde du travail se défende et se protège des financiers ». « En Espagne, la situation ne s'améliore pas, elle s'empire, renchérit Philippe. Le pouvoir d'achat étant moins élevé, on ne fait qu'accentuer les difficultés. Il n'y a pas de mystère : quand on consomme, il y a de la demande; quand il y a de la demande, il y a de la production ».

Les manifestants dénoncent les politiques menées dans le sud de l'Europe, mais aussi les décisions récentes du gouvernement français. Pour Vincent, 52 ans, la hausse de la TVA constitue une véritable trahison de la part de François Hollande. « Taper 20 milliards d'euros dans les poches des salariés pour les donner au patronat sans aucune contre-partie, c'est exactement ce que voulait faire Sarkozy, rappelle-t-il. Et bah non, on n'est pas d'accord, et ça c'est une rupture ».

Les manifestants parisiens en sont persuadés : à jouer la carte de l'austérité, la France risque de connaître le même sort que la Grèce et l'Espagne. Pour eux, la seule façon d'en finir avec la crise serait de lancer une politique de relance économique à l'échelle de la zone euro

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