Espagne: Iberia annonce 4500 suppressions d’emplois

La compagnie aérienne espagnole Iberia annonce un vaste plan de restructuration qui porte notamment sur 4 500 suppressions d'emplois. Faute d'un accord avec les syndicats, la direction menace d'aggraver encore la réduction des effectifs.

La compagnie espagnole Iberia, regroupée depuis janvier 2011 avec British Airways au sein du groupe International Airlines (IAG), accuse une perte de 262 millions d'euros sur les neuf premiers mois de l'année. La direction du groupe annonce 4 500 suppressions d'emplois sur 20 000, soit près du quart des effectifs, et le recentrage sur les liaisons les plus rentables en réduisant de 15% sa capacité et le nombre de ses avions.

Pour assurer les vols courts et moyens courriers, les moins rentables de tous, le groupe IAG vient de lancer le rachat de la compagnie à bas coût espagnole Vueling dont il détient déjà 45% des parts.

Or Vueling, qui a profité de la disparition de la compagnie Spanair, a annoncé une augmentation de 22% de son bénéfice au troisième trimestre. Elle envisage même d’élargir son réseau à de nouvelles destinations. Au sein du groupe IAG, Iberia pèse négativement sur la santé de l’ensemble. Alors qu’elle perd de l’argent, British Airways continue d’enregistrer une augmentation de son trafic.

Menaces de la direction

IAG donne aux syndicats jusqu'à fin janvier pour parvenir à un accord négocié sur ce plan de redressement. Faute de quoi la direction menace de suppressions d'emplois encore plus lourdes et d'une réduction encore plus radicale de l'activité d'Iberia. Ces suppressions d'emplois sont une très mauvaise nouvelle au moment où l'Espagne vient de franchir la barre des 25% de chômeurs.

La compagnie espagnole est touchée, comme beaucoup de compagnies européennes, par les effets de la crise à laquelle s'ajoute, chez Iberia, des problèmes de rentabilité et des lourdeurs qui préexistaient à la crise mondiale.

La compagnie Air France, qui connaît également des difficultés, a annoncé au début de l’année un plan de redressement destiné à réduire la dette de deux milliards d’euros en trois ans. Ce plan, Transform 2015, qui prévoit, comme pour Iberia, une restructuration des courts et moyens courriers en concurrence avec les compagnies à bas coût, s’accompagne de plus de 5 000 suppressions d’emplois et la révision à la baisse des accords d’entreprise.

Seule Lufthansa semble s’en tirer mieux. Le chiffre d’affaires au troisième trimestre est en progression de plus de 6% sur un an. C’est l’effet d’un plan d’économies en cours et de la revente à British Airways de la filiale britannique du groupe allemand BMI qui était en déficit.

Des situations contrastées

Le trafic aérien de passagers continue de progresser dans le monde selon l'IATA, l’Association du transport aérien international. En un an il a augmenté de 4%, mais cette augmentation cache des signes de ralentissement depuis le milieu de l'année et des situations très différentes selon les régions du monde.

Les compagnies du Moyen-Orient caracolent largement en tête avec une croissance de 13%, suivies par les compagnies latino-américaines en progression de 7,5%. Les compagnies européennes et africaines sont légèrement au-dessus de cette moyenne mais les compagnies d'Amérique du Nord et d'Asie-Pacifique piétinent, à l'exception notable des compagnies chinoises. Mais l'augmentation du trafic ne signifie pas nécessairement augmentation de la rentabilité pour les compagnies aériennes.

Ainsi les compagnies européennes affichent une croissance sans profit, en raison de l'importance des coûts fixes et des taxes. Selon l'IATA, l'Europe sera d'ailleurs la seule région du monde où les compagnies finiront l'année avec des pertes, de l'ordre de 930 millions d’euros. Quant aux compagnies africaines, en dépit d'un fort potentiel de développement, elles souffrent du taux de remplissage le plus faible, 70% au lieu de 80% en moyenne, ce qui nuit à l'émergence de bénéfices.

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