Avec notre correspondant à Bruxelles, Grégoire Lory
L’enquête de la Commission européenne à l’encontre de Gazprom dépasse le simple cadre de soupçon d’entraves à la concurrence. Le géant gazier russe est en quelque sorte l’arme commerciale de Moscou sur le marché européen. L’Europe est en effet très dépendante des livraisons de gaz russe puisqu’elles constituent un quart de la consommation européenne. Dans ce jeu, Gazprom représente la tête de pont de la Russie.
Cette position dominante est d’ailleurs au coeur de l’enquête. L’entreprise russe est soupçonnée de manipuler les prix dans huit pays membres et peut-être plus selon la Commission. De part sa situation Gazprom empêcherait les pays concernés de faire appel à d’autres fournisseurs et n’appliquerait pas des prix en adéquation avec le marché. Or pour ces Etats, le gaz russe représente de 60 à 100% des importations.
Cette enquête n’est cependant pas une surprise. La Lituanie avait déjà déposé plainte l’an passé contre Gazprom mais elle est politiquement symbolique. Le géant russe n’a pas hésité par le passé à fermer les vannes en cas de différends commerciaux.