Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Ils ont rendu les clés de l’immeuble, tristes mais dignes. Une cinquantaine de badauds, derniers soutiens de cette chronique d’une mort annoncée, assistaient à la scène. Les derniers passagers du Tacheles ont quitté leur Ovni.
Une époque s'achève, celle du Berlin « pauvre mais sexy », pour reprendre la formule du maire de Berlin. En tout : vingt-deux ans d’occupation de ce qu'il restait d’une ancienne galerie commerciale du centre-ville, dans une RDA moribonde.
Le célèbre squat transformé en centre culturel avec bar, théâtre, cinémas, salle de concerts et ateliers n’était plus, il faut bien le dire, qu’un Disneyland pour touristes friands d’un Berlin underground.
Aujourd’hui au cœur d'un quartier embourgeoisé, il tenait plus du musée que d'autre chose. Les heures de gloire artistiques du lieu appartenaient au passé, et l’agonie fut longue, à côté de restaurants indiens, de bars à coktails et de jeunes femmes sexy à l’œuvre la nuit, sans risque, grâce aux policiers surveillant une ancienne synagogue.
Le bâtiment et le terrain vague attenant vont être vendus aux enchères. Une utilisation culturelle est prévue à l’avenir. Les ex-locataires du Tacheles ont quitté ce symbole du Berlin d’après la chute du mur pour des quartiers où la bohême d’aujourd’hui se retrouve.