Quelle est la différence entre un foulard Hermès et une tablette d'antibiotiques ? Vos antibiotiques ont plus de risques d'être des faux, en tout cas sur internet ! En termes de contrefaçon aujourd'hui, le marché du médicament a détrôné celui du luxe.
Un constat que confirme Philippe Lamoureux, directeur général des Entreprises du médicament (LEEM) : « On sait aujourd’hui qu’un médicament sur deux vendu sur internet est un médicament contrefait. Dans certains pays, notamment les pays en développement et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne, sur les marchés, c’est à peu près 60%. Y compris d’ailleurs sur les médicaments génériques. On entend parfois dire que le problème de la contrefaçon dans les pays en développement est un problème de coût des médicaments mais, même les médicaments qui sont sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS, font malgré tout l’objet de contrefaçons… et là… on trouve des produits qui posent de très graves problèmes de santé publique».
Un marché rentable
La contrefaçon de médicaments demande peu de logistique et s'avère beaucoup plus «discrète» et lucrative que d'autres trafics. «Il existe des contrefacteurs dans de très nombreux pays : en Europe orientale, en Afrique aussi c’est un phénomène extrêmement répandu, ou en Asie, Asie du Sud-Est. Et pour des raisons très simples : la contrefaçon de médicaments est une activité particulièrement rentable et beaucoup moins risquée que d’autres activités criminelles comme par exemple le trafic de drogue», ajoute Philippe Lamoureux.
Les stimulants en tous genres
Les médicaments les plus contrefaits sont les antibiotiques. Mais dans les pays occidentaux, les produits les plus recherchés sont les stimulants : «Dans les pays comme les nôtres où on n’a pas de difficulté d’accès aux traitements parce qu’il y a des systèmes de protection sociale développés, on va plutôt aller chercher des produits d’amélioration de la qualité de la performance – que ce soit la performance physique, sexuelle ou intellectuelle -, on va aller chercher des produits dopants. On va aussi aller chercher des produits qui n’ont pas encore obtenu leur autorisation de mise sur le marché en Europe mais qui sont disponibles dans d‘autres pays, notamment aux Etats-Unis, au Canada. C’est le cas par exemple de certains produits d’amaigrissement...», poursuit Philippe Lamoureux. Rien de plus facile que de commander sur internet un coupe-faim ou une crème anti-âge vendue aux Etats-Unis mais encore interdits en Europe.