La Grèce veut sortir l’Allemagne de l’Euro

C’est un match entre deux équipes et deux pays que tout oppose. La Grèce affronte l’Allemagne, ce vendredi 22 juin au soir, en quarts de finale de l’Euro 2012 à Gdansk, en Pologne. Pour les deux pays, l’enjeu de cette rencontre n’est pas que sportif. Au bord de la faillite, les Grecs accusent l’Allemagne et sa chancelière Angela Merkel d’être responsables du plan de rigueur budgétaire auquel ils sont soumis. Une victoire ce soir serait donc pour la Grèce une première revanche.

On le surnomme le « derby de la dette ». Le match qui l’oppose ce vendredi soir à l’Allemagne en quarts de finale de l’Euro 2012 dépasse pour la Grèce le simple cadre sportif. Sur la pelouse du stade de Gdansk, en Pologne, les Hellènes auront à cœur de prouver à l’Allemagne que si leur pays est à l’agonie sur le terrain économique, ils en ont assez sous les crampons pour la vaincre sur celui, plus viril, du sport.

La tâche s’annonce ardue. Car la Mannschaft est l’une des favorites de ce tournoi. Grâce à leur jeu basé sur l’attaque, les triples champions du monde ont remporté tous leurs matchs lors des phases de poules. Dans un groupe relevé, qualifié même de « groupe de la mort », ils ont battu successivement le Portugal, les Pays-Bas et le Danemark.

A l’inverse, la Grèce fait figure de rescapée. Donnée perdante avant son match contre la Russie samedi 16 juin, elle l’a remporté par le plus petit des écarts : 1-0. Un but salvateur marqué par son capitaine Giorgos Karagounis juste avant la mi-temps, qui, après un nul et une défaite lors du premier tour, l'a propulsée comme par miracle en quarts. La Grèce ne peut pas s’enorgueillir des mêmes qualités techniques que son adversaire allemand. Alors, à défaut, elle mise sur son mental : « La force de la Grèce, c’est son esprit d’équipe », affirme son sélectionneur Fernando Santos, cité par le quotidien français L’Equipe. « Le sacrifice, c’est notre caractéristique principale, renchérit Kostas Katsouranis, l’un des cadres de l’équipe. On va tout donner sur le terrain. Ca va se jouer sur un match et on se battra jusqu’à la fin ».

Quand la presse s’en mêle

Forts de leur capacité à déjouer les pronostics, les Grecs ont bon espoir de tenir tête au onze allemand. Et la presse multiplie les manchettes belliqueuses. Les appels à jeter l’Allemagne « en dehors de l’Euro 2012 » sont nombreux. « Poussez-les à la faillite », titre ainsi Sport Day, qui écrivait après la victoire contre la Russie : « Angela, tenez-vous prête ! Vous avez vu comment vos débiteurs se sont qualifiés ? » « Raus aus der Euro » (hors de l’Euro), lance Metro Sport, en référence aux menaces européennes d’exclure la Grèce de la zone euro.

Outre-Rhin, les médias redoublent également des références économiques. « Aujourd'hui à 20H45, il y a un cours de rattrapage pour les Grecs sur l'euro. Les garçons, jouez-la comme la chancelière : dur mais juste ! », réclame le tabloïd berlinois BZ. « Aujourd'hui nous ne pourrons pas vous sauver », raille le quotidien Bild.

Le parallèle avec le contexte économique est d’autant plus facile que là aussi, tout oppose les deux pays. Aujourd’hui, la Grèce gère ses finances comme elle pratique le football : retranchée en défense. Elle encaisse tant bien que mal les assauts de ses partenaires de la zone euro et du FMI l’enjoignant à davantage de rigueur en échange d’un soutien financier.

En face, l’Allemagne, forte de son titre de première puissance économique européenne, impose son rythme et dicte à l’UE la conduite à tenir pour sortir de la crise. Sa chancelière Angela Merkel n’a d’ailleurs pas hésité à tacler la Grèce à plusieurs reprises, critiquant ses citoyens trop dépensiers. C’est elle que les Grecs considèrent comme la principale responsable du plan d’austérité draconien qui leur est imposé.

Les deux pays sont donc plus que de simples adversaires d’un soir. Mais une victoire sur la pelouse de Gdansk aurait pour la Grèce comme un petit goût de revanche.

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