Avec notre correspondant à Pristina, Jean-Arnault Dérens
Dès son arrivée à l’aéroport de Pristina, jeudi midi, Ramush Haradinaj a remis son passeport aux policiers de la mission européenne Eulex, qui l’ont conduit à son domicile. L’ancien commandant de l’UCK et ancien Premier ministre reste en effet soumis à de strictes mesures de contrôle judiciaires jusqu’à la conclusion définitive de son procès, prévue pour la fin juin.
Quelques dizaines de sympathisants ont tout de même pu l’acclamer à sa descente d’avion, mais le chef de l’Alliance pour l’avenir du Kosovo, un parti d’opposition, devra se garder de toute déclaration publique, ce qui ne l’empêchera pas de jouer un rôle politique actif, en recevant amis, rivaux et partenaires potentiels dans sa luxueuse villa de Pristina.
Le Premier ministre Hashim Thaçi a salué la mise en liberté provisoire de Ramush Haradinaj, même s’il risque de retrouver un coriace rival. Le parti de Ramush Haradinaj dénonce vertement la corruption et les dérives mafieuses du gouvernement Thaçi.
L’opinion publique reste, quant à elle, fort divisée : Ramush Haradinaj jouit toujours d’un grand prestige auprès d’une partie de la population, mais sa remise en liberté, qui intervient une semaine après l’acquittement de Fatmir Limaj, un autre ancien commandant, également accusé de crimes contre l’humanité, amène à se demander s’il sera jamais possible de juger équitablement les crimes imputés à l’ancienne guérilla.