Avec notre correspondant à Oslo, Grégory Tervel
Interrogé par les procureurs hier et par ses avocats ce vendredi matin, Anders Behring Breivik a expliqué froidement comment il avait préparé et exécuté ses attaques.
Très loquace, il a donné énormément de détails, très crus et très techniques, sans éprouver la moindre gêne. L’envie de s’expliquer est évidente, la dimension narcissique du personnage apparaît également, même si l’accusé s’en défend.
« Je suis conscient de la barbarie de mes actes et de mon récit. Moi-même, je ne réussirais pas à m’expliquer si je n’utilisais pas ce langage technique. A partir de 2006, j’ai choisi de me déshumaniser, pour mener à bien mon projet. Je me suis beaucoup entraîné mentalement, pour évacuer mes émotions et réussir à tuer toutes ces personnes ».
L’accusé insiste sur le fait qu’il était quelqu’un de tout à fait social et qu’il a décidé, il y a cinq ans, de s’isoler. L’enjeu pour lui est de convaincre qu’il ne souffre pas de psychose et qu’il est responsable de ses actes.
Pour les survivants et les proches des victimes, entendre ce récit est insoutenable. Cela le sera encore plus ce vendredi après-midi quand Breivik parlera de son massacre d’Utoya. Son avocat a prévenu que cette journée serait sans doute la plus difficile pour les parties civiles.