Royaume-Uni : le trésorier du parti de David Cameron contraint de démissionner

Le trésorier du Parti conservateur, Peter Cruddas, a dû démissionner dimanche 25 mars après la diffusion d’une vidéo par le Sunday Times dans laquelle il offrait à des journalistes se faisant passer pour des hommes d'affaires la possibilité de rencontrer le Premier ministre David Cameron, moyennant des dons importants. C’est un nouveau scandale qui touche de près le chef de gouvernement britannique.

Décidément, la presse joue des mauvais tours à David Cameron et à son camp. Moins d’un an après le scandale News of the World qui a contraint le chargé de communication du Parti conservateur Andy Coulson à démissionner en juillet 2011 (1), voilà que c’est au tour du trésorier du parti du Premier ministre, Peter Cruddas, de devoir quitter son poste pour avoir cherché à monnayer des entretiens entre le chef du gouvernement britannique et des journalistes, lesquels se sont fait passer pour des hommes d’affaires et ont filmé la scène en caméra cachée.

En Premier League

Se présentant comme des expatriés britanniques travaillant pour une société basée au Lichtenstein, un paradis fiscal, deux journalistes du Sunday Times ont rencontré Peter Cruddas durant deux heures et lui ont offert de verser de l’argent au Parti conservateur en échange d’entretiens privés avec le Premier ministre David Cameron et d’autres hauts responsables politiques britanniques. La manœuvre est d’autant plus répréhensible que la législation britannique interdit aux formations politiques de recevoir les dons provenant de l’étranger.

Loin de repousser leurs avances, Peter Cruddas a chiffré la possibilité de tels entretiens, précisant que des donations situées entre 200 000 et 250 000 livres (entre 239 000 et 299 000 euros) et permettraient aux généreux donateurs de « jouer en Premier League », un terme sportif employé à dessein par ce multimillionnaire, supporter affiché du club londonien d’Arsenal. « La première chose que l’on veut vous assurer, c’est d’assister à des dîners avec Cameron et Osborne », affirme-t-il lors de l’enregistrement, George Osborne étant le ministre britannique des Finances.

« Quand vous voyez le Premier ministre, vous avez en face de vous David Cameron, pas le Premier ministre », poursuit Peter Cruddas d’un air ingénu, ajoutant « tout est confidentiel et vous pouvez lui poser pratiquement toutes les questions que vous voulez ». Sans crainte, il se permet même de préciser : « si vous êtes mécontent de quelque chose, nous vous écouterons et nous ferons passer le message à l’équipe du Premier ministre ».

Mise en ligne sur le site du Sunday Times et rapidement reprise par d’autres médias britanniques, la vidéo de l’entretien a fait instantanément scandale outre-Manche et obligé Peter Cruddas à démissionner sur-le-champ du poste de trésorier du Parti conservateur qu’il partageait avec le baron Stanley Fink. « Je regrette profondément la fausse impression qui a pu se dégager de mes fanfaronnades au cours de cet entretien », s’est défendu l’intéressé avant d’ajouter, sans réellement convaincre : « il n’est évidemment pas question que des donateurs puissent influencer la politique ou avoir accès de manière injustifiée aux hommes politiques ».

David Cameron condamne

Très embarrassé par l’affaire, David Cameron a fermement condamné les propos du trésorier démissionnaire et a assuré qu’une enquête serait menée au sein de son parti. « Ce qui s’est passé est complètement inacceptable, a-t-il assuré lors d’un entretien à la BBC. Ce n’est pas de cette façon que l’on collecte de l'argent au sein du Parti conservateur. Cela n’aurait jamais dû se produire », a-t-il poursuivi.

Auteur d’un mandat éclair dans ses fonctions de trésorier, Peter Cruddas aura tout le loisir de méditer sur sa mésaventure dans son appartement monégasque, sa résidence d’Antibes ou son yacht qui mouille en Méditerranée, quelques-unes des possessions les plus flamboyantes de cet homme de 59 ans dont la fortune avoisinerait le milliard d’euros. Sa richesse lui avait permis, entre autres, d’être le principal donateur du Parti Tory auquel il aurait versé un total de 350 000 livres (418 000 euros) ces dernières années. 

(1) Alors qu’il était en poste au Parti conservateur, Andy Coulson continuait à être rémunéré par le groupe Murdoch dont il avait pourtant été licencié après le scandale News of the World

 

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