« C'est une première mondiale, ça n'a jamais été fait », a expliqué le chorégraphe. « Certes, sur l'internet, il y a plein de gens qui se filment en train de danser dans leur cuisine ou leur salon", reconnaît-il. Mais l'art s'est à ce jour peu investi sur la toile, remarque-t-il.
« Est-ce que l'art peut faire quelque chose de plus ambitieux, est-ce qu'on peut communiquer sur l'internet de l'art, de l'émotion, à travers un médium quelque peu délaissé » par les créateurs, interroge le chorégraphe. Jérôme Bel a conçu une chorégraphie de 20 minutes, dansée par Frédéric Seguette et retransmise en temps réel jeudi à 20H00 GMT à partir d'une pièce totalement vide du musée d'art moderne.
La pièce intitulée Shirtology met en scène le danseur et une collection de T Shirts portant des messages en anglais, comme autant de témoignages d'un monde globalisé.
Jérôme Bel est le premier à s'essayer à l'exercice. Il sera suivi le 26 avril par l'argentin Pablo Bronstein. La performance doit être suivie d'une séquence de questions-réponses, également en direct sur la toile, via Facebook et Twitter.
« Ce qui m'intéresse, c'est de me confronter à un médium extrêmement
puissant à mon époque », souligne le chorégraphe, qui rappelle que « le théâtre
est une pratique archaïque, qui n'a quasiment pas bougé depuis 2.500 ans ». Pour Jérôme Bel, le défi est d'atteindre une audience volatile, « qui peut s'en aller d'un clic, alors qu'au théâtre, le spectateur est venu avec un désir de rester ».
Les réseaux sociaux permettent une interaction nouvelle, après la performance: « grâce à l'internet, un jeune homme de Kuala Lumpur pourra dire ‘j'ai pas compris, ou j'ai aimé’ », s'amuse-t-il. Ces « cartes blanches » à un artiste ont vocation à construire une sorte de collection, visible par la suite sur une page dédiée du site Tate Online.
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