C’est donc le soulagement en Europe, puisque les créanciers privés ont accepté massivement de participer à cette opération de restructuration de dette souveraine, la plus importante de l’histoire. Ils ont joué le jeu au-delà des espérances du gouvernement grec qui avait fixé à 75% la participation des créanciers privés. Un seuil minimum pour garantir le sauvetage du pays. Ce chiffre a été largement dépassé, puisqu'Athènes a annoncé, ce vendredi 9 mars 2012, une participation de près de 85% des créanciers privés. Banques, assurances, fonds d’investissement ont accepté de renoncer à trois quart des dettes qu’ils détiennent. L’échange de titres va permettre de réduire de 107 milliards d’euros l’endettement de la Grèce sur un montant total de 350 milliards détenus par les créanciers privés mais aussi institutionnels.
Au total, les créanciers privés d'Athènes vont, donc, perdre 107 des 260 milliards de dette grecque qu’ils détenaient. Concrètement, ils vont échanger les obligations qu'ils détiennent contre de nouveaux titres d’une valeur inférieure de 46,5% et ils renoncent au reste. Sans compter que ces titres vont également avoir une maturité plus longue. Il s’agira pour l'essentiel d’obligations émises par le FESF, le Fonds européen de stabilité financière, ce mécanisme mis en place pour venir en aide aux pays les plus fragiles de la zone euro.
Le bémol de Berlin
Tout le monde a salué le succès de cette restructuration. Les marchés ont pris le parti de l’optimisme, les dirigeants européens également. Dès jeudi soir, la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a estimé que « le risque d'une grave crise de l'Europe était pour l'instant écarté ». Même tonalité pour le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, et pour le président français Nicolas Sarkozy, qui estiment, tous deux, que « le pire semble aujourd’hui évité ».
Plus mesuré, Berlin se félicite qu'« un pas vers la stabilisation de la zone euro ait été franchi », tout en soulignant que « la crise grecque est loin d'être réglée ». Cette opération de décote va permettre à Athènes de retrouver de la crédibilité auprès des partenaires européens, mais également auprès du peuple grec très éprouvé par les mesures d’austérité.
Feu vert au deuxième plan de sauvetage
Ce succès va maintenant ouvrir la voie au déblocage de l'aide financière internationale. Effectivement, cette restructuration de la dette va permettre à Athènes d’obtenir une nouvelle aide internationale de 130 milliards d’euros. Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a annoncé, ce vendredi 9 mars 2012 en début d'après-midi à Bruxelles, que « toutes les conditions étaient réunies pour le déblocage de ce deuxième plan de sauvetage », auquel doit également participer le Fonds monétaire international. Une première tranche d’aide pourrait être versée rapidement. Il y a en effet urgence, le pays doit rembourser un prêt de 14 milliards d’euros pour le 20 mars prochain.
Certes, cette restructuration de la dette va alléger les besoins de financement de la Grèce à moyen terme, jusqu’en 2014. Mais la situation reste problématique à plus long terme. La dette grecque s’élèvera, dans le meilleur des cas, à 120% de la richesse nationale en 2020. Sans compter que tous les clignotants de l’économie grecque sont au rouge. La récession qui frappe le pays s’est fortement aggravée fin 2011. Le produit intérieur brut a ainsi plongé de 7,5% au quatrième trimestre. Et 2012 va encore être une année très difficile pour les Grecs. Mais le pays a encore des capacités de rebonds dans deux secteurs : celui du tourisme et de l’agriculture. Dernier secteur porteur, les nouvelles technologies, grâce à une main-d'œuvre jeune et bien qualifiée.