La Hongrie pourrait être le premier pays de l'Union européenne sanctionné pour ses dérapages budgétaires. Si la Commission est entendue par les Etats de l'UE, la Hongrie pourrait se voir priver de plus d'un milliard d'euros d'aides européennes. Le gouvernement du Premier ministre hongrois Viktor Orban est mis en cause pour son déficit public excessif : 6,2% début janvier, bien au-delà de la norme européenne des 3%.
Quant à sa dette publique, elle s’élève aujourd’hui à 82,6% du produit intérieur brut. La Hongrie connait depuis l’arrivée au pouvoir du parti ultra conservateur Fidesz au printemps 2010 une politique que l’on peut qualifier de dirigiste et populiste. D’abord, il y a eu la mise en place d’impôts spécifiques sur les secteurs bancaires, les télécoms et l’énergie où les investisseurs internationaux étaient particulièrement présents. Plus de 80% des établissements bancaires hongrois sont, en effet, contrôlés pars des banques étrangères. Ensuite, il y a eu des mesures ponctuelles, telles que la nationalisation des fonds de pension privés. Une réforme qui a obligé les cotisants à transférer leurs comptes à la caisse de retraite de l’Etat.
Des taux d’emprunt en forte hausse
Cette politique économique de Viktor Orban a entrainé le plongeon de la devise hongroise. En six mois, le forint a perdu plus de 23% face à la monnaie européenne. La méfiance des investisseurs est telle que le pays ne peut plus se refinancer sur le marché obligatoire. Les taux d’emprunt hongrois ont enregistré une forte hausse. Les taux à dix ans ont ainsi dépassé les 10%.
Mais aujourd’hui, ce qui cristallise les tensions, c’est d’une part, la mise sous tutelle par le pouvoir politique de la Banque centrale hongroise (MNB), et d’autre part, l’inscription dans la Constitution d’un taux unique pour l’impôt sur le revenu de 16%. Ces deux mesures largement critiquées par le Fonds monétaire international et l’Union européenne ont entrainé une véritable défiance des investisseurs.
La Hongrie prête au dialogue avec Bruxelles
La Hongrie a désormais besoin de plus de 15 milliards d’euros cette année pour faire face à ses échéances. Budapest a donc été contraint de faire appel à l’aide du FMI et de l’Europe. Mais les négociations ont tourné court, le mois dernier, après le refus de Viktor Orban de revoir la réforme de la Banque centrale.
Plusieurs de ses représentants sont actuellement à Washington au siège du FMI, pour obtenir ce financement. Le négociateur hongrois Tamas Fellegi doit rencontrer, ce jeudi 12 janvier 2012, la directrice générale du FMI Christine Lagarde. Pour obtenir cette aide économique, la Hongrie s’est dit prête, ce mercredi, à discuter de toutes les critiques, notamment sur la réforme de la Banque centrale nationale. En cas d’échec des négociations, Budapest peut tenir encore quelques mois, le pays dispose, en effet, d’un matelas de réserves de devises provenant de la nationalisation des fonds de pension.