Un abbé grec placé en détention provisoire pour fraude fiscale

En Grèce, la communauté orthodoxe est en émoi après l'arrestation mercredi 28 décembre du moine Ephraïm qui dirige le monastère de Vatopedi, situé sur le Mont Athos, un lieu hautement vénéré par la communauté orthodoxe russe. Les autorités grecques lui reprochent d'avoir trempé dans des affaires de détournements de fonds publics, délestant ainsi les caisses de l'Etat de plusieurs dizaines de millions d'euros.

L'affaire remonte à 2004. Lorsque l'Etat a décidé de céder entre autres des terrains au supérieur Efraïm du monastère de Vatopedi et que celui-ci a finalement préféré les troquer à l'Etat contre deux bâtiments du village olympique construits pour les Jeux de 2004. Le monastère a ensuite revendu ces immeubles au prix fort. Une pirouette financière qui aurait coûté plus de 100 millions d'euros à l'Etat grec, le tout bien sûr exempté d'impôt.

Ce monastère est l'un des plus riches de Grèce. Il serait propriétaire d'un vaste patrimoine dont des montagnes, des lacs et des plages, mais aussi des mines et des complexes hôteliers, bien au-delà des seules frontières grecques.

Plus largement, l'Eglise orthodoxe serait le plus gros propriétaire foncier du pays, et bénéficie toujours d'exonérations fiscales, tandis que le salaire des 11 000 popes est pris en charge par l'Etat.

En 2010, de nouveaux impôts touchant les biens et revenus de l'Eglise ont été instaurés, sans beaucoup de succès. Mais les monastères du mont Athos en sont exemptés car ils bénéficient d'un statut spécial.

En Grèce, il n'y a pas de séparation de l'Eglise et de l'Etat, et l'Eglise orthodoxe entretient toujours des liens privilégiés avec la classe politique qui la protège.

De fait, l'arrestation du supérieur Ephraïm âgé de 56 ans et son placement en détention préventive en attendant son jugement, a provoqué un tollé dans les cercles proches des conservateurs et des religieux grecs et russes.

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