Ce remaniement ministériel, décision de Vladimir Poutine, semble annoncer une nouvelle étape d’une contre-offensive du pouvoir face à la vague de contestation qui envahit la Russie après les élections législatives, entachées de soupçons de fraudes massives. En nommant Vladislav Sourkov vice-Premier ministre, Poutine propulse sur le devant de la scène politique un personnage très influent, habitué à jouer dans les coulisses du pouvoir le rôle d’une éminence grise.
Le « marionnettiste du Kremlin », c’est ainsi que le milliardaire Mikhaïl Prokhorov avait surnommé Vladislav Sourkov, qu’il estimait être responsable de son éviction du parti Juste cause, à la veille des législatives. Cet homme de 46 ans voue une profonde admiration à Vladimir Poutine qu'il qualifie « d’homme que Dieu et le destin ont envoyé à la Russie lorsqu'elle traversait une période difficile ».
Un personnage détesté par l’opposition
L'opposition lui reproche notamment d’être l’auteur des concepts de « démocratie dirigée » ou de « démocratie souveraine », qui, selon les adversaires de l’équipe au pouvoir, servent principalement à justifier le style autoritaire adopté par le Kremlin. Elle accuse également Vladislav Sourkov d'avoir transformé la Douma en chambre d'enregistrement, et de tenir sous contrôle le système politique et les chaînes de télévision, auxquelles il dictait la ligne éditoriale.
Récemment, Vladislav Sourkov avait toutefois surpris en affirmant que les manifestants contre les fraudes aux élections étaient « les meilleurs représentants » de la société, alors que le Premier ministre les avait comparés à une tribu de singes. Toutefois, avec son image de manipulateur machiavélique et cynique, il ne lui sera pas facile de conquérir l’opposition. D’ailleurs, il vise sans doute surtout à approfondir ses divisions afin d’éviter son unification avant l’élection présidentielle.
Vladislav Sourkov cède sa place à un proche du Premier ministre, Viatcheslav Volodine, que d'aucuns considèrent comme encore plus dur et plus conservateur.