Poutine refuse tout dialogue avec l’opposition

Pour sa première réaction publique après la manifestation massive de l’opposition qui a rassemblé, à Moscou samedi, entre 70 000 et 100 000 personnes , Vladimir Poutine a déclaré qu’il refusait de revoir la loi électorale et de conférer toute légitimité à une opposition qu’il juge désorganisée et sans objectif.

Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio

Pour retourner au Kremlin, Vladimir Poutine n’aura pas besoin de tricher : c’est ce qu’il a confié à ses partisans. « Je veux m'appuyer, dit-il, sur l'expression de la volonté populaire, sur leur confiance ». Une nouvelle fois, le chef du gouvernement tente de minimiser l’importance du mouvement de contestation, qui est pourtant sans précédent depuis son arrivée au pouvoir il y a douze ans.

Vladimir Poutine n’est visiblement pas prêt à plier et à dialoguer avec l’opposition qui réclame une révision rapide des règles électorales et un report du scrutin présidentiel. Il accuse les chefs de file du mouvement de protestation de manquer d'objectifs, de programmes communs et de leader : « le discours [de l'opposition] qui ressort vise à délégitimer et dévaluer tout ce qui se passe dans la sphère publique, y compris et avant tout le processus électoral », a estimé l’ancien président.

« La Douma fonctionne », a assuré Vladimir Poutine, en réaction aux contestations des résultats des législatives. « Il ne peut pas être question de discussions sur une révision » de ces résultats, a-t-il assuré, ajoutant qu'il faut en finir avec toutes ces insinuations. Et le Premier ministre qui, il y a quelques jours, déclarait à la télévision qu’il n’avait pas le temps d’aller sur internet, propose désormais d’ouvrir une discussion sur la toile sur les moyens de rendre les élections plus transparentes.

Vladimir Poutine maintient donc une position déjà énoncée. Il avait auparavant dénigré à plusieurs reprises les opposants, estimant qu’ils étaient à la solde des Occidentaux. Le Premier ministre les avait ensuite comparé à la tribu de singes du Livre de la Jungle... Les déclarations de Vladimir Poutine balayent les quelques espoirs levés par son ancien ministre des Finances, Alexeï Koudrine, qui a démissionné suite à un désaccord avec Dmitri Medvedev mais est resté « ami » avec le Premier ministre. Alexeï Koudrine avait ainsi estimé après la manifestation, à laquelle il a participé, que Poutine était prêt au dialogue. Ce n’est clairement pas le cas.

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