Le premier dossier du nouveau chef du gouvernement espagnol sera de redresser les finances publiques du pays. Mariano Rajoy s’est engagé à ramener le déficit à 4,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2012, alors que l’objectif de 6% pour cette année semble déjà compromis par le dérapage des comptes publics des dix-sept régions semi-autonomes d’Espagne. Sur le plan budgétaire, cette réduction du déficit suppose de faire une économie de près de 20 milliards d’euros.
La cure d’austérité qui attend les Espagnols s’annonce donc sévère. « Il faut faire des coupes partout »,a expliqué Mariano Rajoy qui a annoncé des réductions budgétaires à l’administration et aux régions semi-autonomes. Les régions ont, en effet, accumulé des déficits abyssaux qui vont, à terme, alourdir la dette globale du pays. Mariano Rajoy a cependant exclu de toucher au pouvoir d’achat des retraités et aux indemnités de chômage qui sont deux gros postes de dépenses de l’Etat.
Un chômage de masse
La lutte contre le chômage est d’ailleurs l’autre grand dossier qui attend Mariano Rajoy. Après plus de dix ans de forte croissance économique, alimentée en grande partie par la spéculation immobilière et le crédit facile, l’Espagne a brutalement plongé dans la crise économique en 2008. Le pays détient aujourd’hui le record du taux de chômage le plus élevé dans la zone euro.
Près de cinq millions de personnes sont sans emploi. Les jeunes sont particulièrement touchés : près de 45% des moins de 25 ans n’ont pas d’emploi. Dans le sillage du chômage, la pauvreté s’étend. Un Espagnol sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.
Ce chômage de masse est la conséquence d’un modèle économique essentiellement tourné vers des activités de service, avec très peu d'industries, des activités à faible valeur ajoutée, avec des emplois de très mauvaise qualité. Pour créer des emplois, il faudrait que l’activité économique reparte. C’est tout le problème, la croissance a été nulle au troisième trimestre et la récession pourrait être de retour en 2012.
Des banques défaillantes
Mariano Rajoy va devoir également assainir le secteur bancaire. Les banques espagnoles présentent d’importants risques systémiques. Les banques espagnoles ont, aujourd’hui, dans leurs bilans, 176 milliards d'euros de créances douteuses et de biens saisis depuis l’éclatement de la bulle immobilière. Des actifs toxiques qui sont concentrés dans les « cajas » (caisses d'épargne).
Pour bon nombre de financiers, la solution serait la création d’une « bad bank », une structure de défaisance regroupant ces mauvais actifs, mais le Parti populaire y est opposé. A l'heure actuelle, le total des dettes du Trésor et des banques espagnoles arrivant à échéance en 2012 s'élève à 335 milliards d’euros.
L’avenir de l’Espagne est donc très préoccupant. Le pays emprunte aujourd’hui sur dix ans à des taux d’intérêts proches de 7% contre 1,8% pour l’Allemagne. Le nouveau Premier ministre Mariano Rajoy devra agir vite pour rassurer les marchés. Un nouveau plan d’austérité est donc plus que jamais inévitable pour détendre les taux et éviter un sauvetage comme ceux qui ont cours actuellement en Irlande et au Portugal.