Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
L’élite politique et économique et même les grands syndicats expriment leur soulagement face au nouveau gouvernement Monti. Un exécutif caractérisé d’une part par l’absence de politiques, ce qui est une première dans l’histoire de la République italienne, et d’autre part par la compétence dans leur secteur d’activité, des membres qui le composent , y compris ceux issus directement d’institutions catholiques.
Toutefois, on observe que « Super Mario » comme les Italiens ont surnommé le nouveau chef du gouvernement, ne fait pas l’unanimité dans le pays. À titre d’exemple, on peut citer la Une du quotidien indépendant il Fatto Quotidiano qui résume son point de vue sur le gouvernement par « Dieu, les banques et la famille ».
Première journée de manifestations
Ce jeudi 17 novembre 2011, à l’occasion de la Journée mondiale des étudiants, ces derniers vont descendre dans les rues de Milan et de Rome pour protester contre un gouvernement, né, disent-il, de la volonté de la Banque centrale européenne et plus largement de celle d’émissaires de l’empire financier. Un exécutif, déplorent-ils encore, qui suspend la démocratie puisque la parole n’a pas été donnée aux électeurs. En conséquence, les manifestants réclament des élections anticipées.
L'enjeu politique de ce jeudi, c'est aussi le vote de confiance au gouvernement des sénateurs. Le successeur de Silvio Berlusconi a toutes les chances d’obtenir un large soutien lors du vote de confiance au Sénat où il va dévoiler son programme de gouvernement. Ni la droite, ni le centre, ni la gauche, ne veulent porter directement sur leur épaules le fardeau des sacrifices qui seront exigés. La politique menée par Silvio Berlusconi n’a pu su faire face à la crise, ni même la reconnaître alors que le pays se trouve au bord du précipice depuis des mois. Il n’y a pas de solution alternative à un gouvernement de sauvetage national.
Mario Monti a construit son programme sur deux piliers : austérité et relance de la croissance. Après le soutien des sénateurs, le nouveau chef de gouvernement devrait obtenir demain, vendredi, celui des députés. Mario Monti a pris la tête d'un gouvernement d'experts et de technocrates pour tenter de restaurer la crédibilité de l'Italie, dont il sera aussi le ministre de l'Économie. L'ancien commissaire européen, âgé de 68 ans, a été choisi le 13 novembre pour remplacer Silvio Berlusconi alors que l'Italie, handicapée par une énorme dette de près de 1 900 milliards d'euros, risquait l'asphyxie après une hausse vertigineuse des taux des emprunts d'Etat.