Silvio Berlusconi : démissionnaire mais loin de quitter son poste

D’un point de vue formel, Silvio Berlusconi n’a pas encore présenté sa démission au chef de l’Etat italien, Giorgio Napolitano, mais il lui a fait part de son intention de quitter ses fonctions lors d’un entretien, mardi 8 novembre 2011 au soir. Une décision qui fait suite à un vote de la Chambre ce mardi. Le chef du gouvernement a alors perdu la majorité absolue au sein de cette assemblée. Malgré tout, Silvio Berlusconi entend rester en poste le temps de faire adopter les réformes économiques promises à l’Union européenne afin de limiter le déficit public du pays. Mais la population est profondément inquiète.

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

Les Italiens sont de plus en plus nombreux à paniquer, notamment parce que les taux d’obligation à dix ans ont dépassé les 7% en milieu de matinée. Une première depuis 1997. Un taux de 7% pour un pays dont la dette publique dépasse 1 900 milliards d’euros, c’est jugé par tous les experts comme insupportable à terme pour les finances de l’Italie.

De toute évidence, les investisseurs craignent que la démission au ralenti de Silvio Berlusconi n’aggrave la déstabilisation du pays et ils n’arrivent pas à comprendre quels pourraient être les futurs scénarios politiques de l’Italie.

Officiellement, Silvio Berlusconi ne démissionne pas immédiatement parce la loi sur des réformes budgétaires, très importante, doit répondre aux exigences de Bruxelles et à celles de la Banque centrale européenne (BCE). Or, cette loi nécessite encore des mises au point, voire l’intégration de mesures d’austérité encore plus drastiques.

Malheureusement, le chef du gouvernement démissionnaire n’a pas encore indiqué de date pour l’adoption du budget 2012-2014 et des réformes exigées par Bruxelles. En revanche, le ministre de la Défense, lui, a déclaré en marge d’un congrès qu’entre le passage au Sénat et celui à la Chambre, il faudrait compter 15 à 30 jours. 

Plus officieusement, si l’on en croit le quotidien La Repubblica, Silvio Berlusconi souhaite prendre du temps. Il ne veut plus adopter cette loi comme prévu à la mi-novembre, mais plutôt début décembre. Ce qui compliquerait le parcours pour un gouvernement dit technique ou d’union nationale et faciliterait la dissolution des chambres en vue d’élections anticipées, ce qu’il réclame et ce que réclame aussi la Ligue du Nord.

Le président de la République extrêmement soucieux

La démission annoncée du Cavaliere répond à une pression de plus en plus grande sur le chef du gouvernement. Les voix réclamant son départ se faisaient de plus en plus nombreuses ces derniers temps. Aujourd’hui, l’opposition, les syndicats, le patronat, sont unanimes sur un point : Silvio Berlusconi devrait quitter au plus tôt son poste de chef de gouvernement. Mais l'ensemble de la presse fait part de ses doutes. 

Le quotidien indépendant Il Fatto Quotidiano s'interroge : peut-on avoir confiance ? Et de répondre : « Silvio Berlusconi pense sans doute qu’il peut encore tromper le président de la République, son pays, et l’Europe ! ».

Quant au prestigieux quotidien économique Il Sole 24 Ore, il lance un appel à un retour à la crédibilité, le remède qui peut sauver l’Italie, ce qui « exige de la part du Cavaliere un vrai sens des responsabilités. Il doit se démettre de ses fonctions au plus tôt ».

Extrêmement soucieux lui aussi, le président de la République. Giorgio Napolitano demande des efforts de cohésion urgents pour sauver la péninsule. Il vient d’ailleurs de convoquer le ministre de l’Economie, Giulio Tremonti.

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