Au lendemain des attentats du World Trade Center, l’Europe est bouleversée et se montre solidaire. Jacques Chirac déclare que « le peuple français est aux côtés du peuple américain ». Pour le chancelier allemand Gerhard Schröder « ce n’est pas une bataille entre les civilisations qui commence mais une bataille pour la civilisation ». Même les Russes compatissent. Vladimir Poutine propose de mettre en commun tous les efforts contre « le terrorisme, ce fléau du 21ème siècle ».
Les règles du jeu vont changer après le 11-Septembre. Avant même la résolution du Conseil de sécurité qui qualifie les attentats de menace pour la paix et la sécurité internationale, l’Union européenne et les Etats-Unis s’engagent, le 21 septembre 2001, dans une déclaration commune à lutter contre le terrorisme.
Les Etats-Unis commencent à revoir leurs priorités. Les nouveaux ennemis des Américains sont les « Rogue states », les Etats voyous comme l’Afghanistan. La riposte militaire américaine en Afghanistan, puis en Irak, va diviser les Européens. Les dirigeants britannique et espagnol, Tony Blair et José Maria Aznar, seront les fers de lance de la coalition de George W. Bush. La France prendra ses distances en refusant de se rallier à la guerre en Irak mais la lutte contre le terrorisme va accélérer la coopération policière et judicaire en Europe.
Il y avait l’IRA en Irlande du Nord, l’ETA en Espagne, les attentats fomentés par des Palestiniens, des Libanais ou des Algériens sur le territoire français. Désormais, ce sont tous les pays européens, ceux qui ont déjà été confrontés au terrorisme comme ceux qui n’ont pas subi d’attentat sur leur territoire, qui se mobilisent contre un terrorisme islamiste qui peut frapper n’importe où et n’importe quand en Europe.
La menace va se concrétiser à Madrid et à Londres
Le jeudi 11 mars 2004, des islamistes marocains font exploser plusieurs bombes à Madrid dans des trains de banlieue. 911 jours exactement après les attentats du 11/09 à New York. Les attentats de Madrid ont fait 200 morts et 1 400 blessés. Jamais l’Espagne, pourtant confrontée au terrorisme basque depuis des années, n’avait subi une attaque aussi meurtrière.
Le 7 juillet 2005 à Londres, quatre islamistes britanniques d’origine pakistanaise et jamaïcaine se font exploser avec leurs bombes dans les transports publics. Bilan : 56 morts et 700 blessés.
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero et le Premier ministre britannique Tony Blair, appellent les Etats membres de l’Union européenne à une meilleure collaboration.
Plus de cohésion et de coopération, moins de liberté
Les contrôles deviennent draconniens dans les aéroports, les caméras de surveillance envahissent la capitale britannique et commencent à fleurir un peu partout en Europe.
Les Européens, conscients que la lutte contre le terrorisme se traduit par une érosion de leur liberté individuelle, se plient aux nouveaux diktats de la sécurité.
Les priorités des Etats sont l’échange d’informations, par exemple les listes de jihadistes ; la protection des sites les plus vulnérables ; la lutte contre l’islamisme radical pour limiter en particulier son influence sur les jeunes et le renforcement du contrôle des virement bancaires. Les organismes financiers doivent communiquer le nom, l’adresse et le numéro de compte des donneurs d’ordres, sous peine de sanctions. Ces renseignements, sauvegardés par la banque durant cinq ans, peuvent être communiqués aux autorités policières et judiciaires pour les besoins d’une enquête sur le blanchiment de capitaux ou le financement du terrorisme.
Une meilleure coopération douanière et policière se met en place et la coopération judiciaire s’améliore avec la création d’un mandat d’arrêt européen en 2002.
10 ans après la chute des tours du World Trade Center, l’Europe est toujours en alerte. La mort d’Oussama ben Laden n’a pas changé les plans d’action des Etats européens, des plans toujours secrets et sans cesse révisés. Le terrorisme organisé semble marquer le pas. Les actions individuelles, comme celle d’Anders Behring Breivik en Norvège, restent la principale crainte des responsables de la sécurité.
A lire :
- Attentats de Madrid : 40 000 ans de prison (31/10/2007)
- Attentats de Madrid : les accusés nient en bloc (16/02/2007)
- Comment al-Qaïda a préparé les attentats de Madrid (01/07/2004)
- Madrid ensanglanté à la veille des législatives (11/03/2004)
- Attentats de Londres : le scénario se précise (13/07/2005)
- Attentats de Londres : Les images numériques pour témoins (11/07/2005)
- Attentats de Londres : Malgré l’inculpation des auteurs présumés, la menace demeure (08/08/2005)