« Ce n’est pas possible de continuer comme ça ! ». Le président Dmitri Medvedev a laissé éclater sa colère après la catastrophe aérienne de Iaroslavl qui a vu un appareil Yakovlev de type Yak-42 appartenant à la compagnie Yak Service s’écraser juste après le décollage, mercredi 7 septembre 2011. L’accident a causé la mort de 43 personnes, la plupart membres du Lokomotiv de Iaroslavl, l’un des clubs phares de la Ligue continentale de hockey sur glace, une tragédie qui a eu un retentissement considérable en Russie, pays où le hockey est un sport majeur.
Série noire
Même si, pour l’heure, les experts ne sont pas encore en mesure de déterminer s’il s’agit d’une erreur humaine ou d’un problème technique, la catastrophe met en lumière le piètre état dans lequel se trouve l’aviation civile russe. L’accident de Iarsolavl, qui s’est déroulé juste après le décollage, est en effet le quatrième en l’espace de trois mois en Russie, quatre crashs qui ont causé la mort de 106 personnes au total. Lors des quinze dernières années, 870 personnes ont trouvé la mort sur des lignes russes d’après les chiffres répertoriés par le site spécialisé Jacdec, un bilan désastreux.
Dmitri Medvedev a donc demandé qu’une enquête minutieuse soit menée mais il a surtout marqué sa volonté de réduire radicalement le nombre de compagnies aériennes dans son pays. Elles sont à l’heure actuelle pas moins de 130. Et comme seulement dix d’entre elles se partagent 85% du marché, les plus petites ont du mal à survivre, économisant sur l’entretien et la sécurité. Yak Service était de celle-là. Elle avait d’ailleurs été plusieurs fois interdite de vol dans l’Union européenne.
A ce problème de sécurité, s’ajoute celui du vieillissement de la flotte civile. Mis en service en 1980, les Yak-42 sont parmi les plus anciens moyens-courriers à voler encore aujourd’hui en Europe. Le ministère russe des Transports envisageait d’ailleurs jeudi de les clouer au sol comme il l’a fait plus tôt durant l’été pour les Tupolev-134, les Antonov-24 et les Antonov-12, avions également conçus du temps de l’Union Soviétique et impliqués dans les accidents évoqués plus haut. Cela pose évidemment la question du renouvellement, sachant que seulement sept appareils sont sortis des usines en 2010, un chiffre ridicule au regard des besoins.
Mauvaise réputation
Poursuivis par leur mauvaise réputation, les avionneurs russes ont du mal à vendre hors de leur frontière. Ainsi, le tout nouveau Superjet-100 mis au point par Soukhoï a-t-il vu son lancement terni récemment par une défaillance de l’une de ses pièces d’équipement de sécurité sur un modèle qu’étrennait la compagnie nationale Aeroflot, une bien mauvaise publicité. Autre points noirs à régler : la pénurie de pilotes qualifiés et l’immobilisme des dirigeants du secteur. Ils ont tous conservé leur poste, malgré les nombreux accidents de ces dernières années.