C’est un premier pas : des discussions sur la liberté de circulation, les diplômes universitaires, les cartes d’identité, l’énergie, les télécoms… mais sous haute tension, après les heurts de cet été qui ont fait un mort, un policier kosovar. Pristina avait décidé à son tour de mettre en place un embargo sur les produits serbes, et pour le faire respecter a tenté de prendre deux postes-frontière dans ce nord, à majorité serbe. Résultat : des violences, un poste incendié, et donc un mort. Au final c’est la KFOR, la force de l’Otan au Kosovo qui a fini par prendre le contrôle des poste-frontières.
Ce vendredi, on va justement parler de ce qui a cristallisé ces décisions d’embargos : les tampons des douanes. Belgrade refuse qu’y figure la mention « République du Kosovo » ou un quelconque signe d’appartenance à cet Etat qu’elle ne reconnaît pas. Elle explique avoir donc bloqué lors de l’indépendance les biens à la frontière car « le Kosovo avait modifié unilatéralement les tampons ». Résultat, devant le refus de Belgrade de plier sur cette question lors des dernières discussions du printemps, Pristina a mis en place à son tour un embargo avec le résultat que l’on sait. Selon la presse serbe, Belgrade proposerait d’utiliser le tampon de la Minuk, la Mission de l'ONU au Kosovo déployée en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui fait référence pour Belgrade.
Le rôle de l'UE
Encore une fois, c’est l’Union européenne qui supervise ces discussions. C’est d'ailleurs vers Bruxelles que Pristina et Belgrade ont les yeux tournés : ils aimeraient tous les deux gagner le statut de candidats à l’Union européenne.
Seulement voilà, il y a trois semaines, Berlin et Londres ont expliqué que la Serbie et le Kosovo affaiblissaient leurs chances d’entrer dans l’Union européenne si les troubles à la frontière persistaient. Côté kosovar, on est optimiste, le ministre des Affaires étrangères kosovar Enver Hoxhaj a dit à RFI qu'il espère obtenir cette année si tout va bien un brevet de bonne conduite pour peut-être d’ici quelques années devenir membre de l’Union.
Du côté Serbe, c’est un peu le contraire, Belgrade pensait que l’arrestation de Ratko Mladic et Goran Hadzic, recherchés par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, leur permettrait de revendiquer fin 2011 non seulement ce fameux statut de candidat à l'Union, mais aussi une date pour l'ouverture de négociations d'adhésion.
Pas suffisant, lors d’un voyage à Belgrade, la chancelière allemande Angela Merkel leur a demandé de reprendre le dialogue avec Pristina, d’obtenir des résultats, et de démanteler les structures administratives serbes parallèles du nord du Kosovo –ce que demandent évidemment aussi Pristina. Supprimer ces institutions reviendrait à créer un vide politique dans le nord du Kosovo, a répondu le président serbe Boris Tadic, qui a dû évoquer devant la population la possibilité que Belgrade n'obtienne pas le statut de candidat à l'Union à la fin de l'année.
La normalisation des relations entre Belgrade et Pristina reste donc compliquée, malgré les menaces européennes. Bruxelles aura quand même réussi à les mettre autour d’une même table ce vendredi, pour reprendre le dialogue. A suivre…