Le procès de Ioulia Timochenko s’ouvre à Kiev

Le premier procès contre l'ancienne Première ministre ukrainienne, Ioulia Timochenko, s'ouvre ce vendredi 24 juin 2011, à Kiev. L'égérie de la révolution orange de 2004, passée dans l'opposition après l'élection de Viktor Ianoukovitch à la présidence de l’Etat en février 2010, est accusée d'abus de pouvoir dans le cadre de la signature d'un contrat gazier avec la Russie en 2009.

Avec notre correspondant à Kiev, Laurent Geslin

Ce ne sont pas moins de trois enquêtes contre Ioulia Timochenko qui ont été ouvertes depuis décembre dernier. L'ancienne Première ministre ukrainienne est tout d'abord soupçonnée d'abus de pouvoir et de trafic d'influence pour avoir signé en 2009 avec la Russie un contrat gazier extrêmement défavorable pour son pays.

Elle est ensuite accusée d'avoir utilisé les 380 millions d'euros issus de la vente des quotas ukrainiens d'émission de CO2 pour combler le déficit du budget des retraites.

Ioulia Timochenko est enfin soupçonnée d'avoir causé à l’Etat un préjudice de plus de 6 millions d'euros pour l'achat d'ambulances à un prix supérieur à celui du marché.

Des accusations rejetées en bloc

Depuis des mois, Ioulia Timochenko se dit de son côté victime de pressions politiques. Mercredi 22 juin, lors d'une conférence de presse, elle a ainsi accusé le président ukrainien Viktor Ianoukovitch de vouloir « l'anéantir ». Selon elle, le verdict du procès qui s'ouvre ce 24 juin est écrit depuis longtemps.

L'ancienne égérie de la révolution orange a aussi porté plainte mardi 21 juin devant la Cour européenne des droits de l'homme pour des infractions commises durant les différentes enquêtes qui la visent. Le 24 mai dernier, elle avait ainsi été brièvement arrêtée et interrogée dans les locaux du procureur d’Etat, sous la garde de plusieurs dizaines de policiers masqués.

L'Union européenne avait, à cette occasion, mis en garde les autorités ukrainiennes « sur la nécessité de respecter l’état de droit et donc de garantir des procédures judiciaires régulières, impartiales et indépendantes ». L'UE avait estimé qu’il « existait un risque de voir se former un sentiment de justice sélective » en Ukraine.

Des opposants incarcérés

En effet, depuis juillet 2010, une dizaine de hauts fonctionnaires de l'ancien gouvernement ont été arrêtés. Parmi ces personnalités, on trouve notamment Yuriy Lutsenko, ancien ministre de l'Intérieur, ou encore Anatoliy Makarenko, ancien chef des douanes.

Tous deux sont incarcérés pour abus de pouvoir et, comme les autres prévenus, attendent leur procès en prison. Selon la loi ukrainienne, un suspect peut en effet être incarcéré durant dix-huit mois avant d'être jugé, une pratique qui, selon certains experts à Kiev, bafoue la présomption d’innocence et les droits de l'homme.

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