Une épidémie de diarrhée sanglante partie d'Allemagne s'étend en Europe. L'épidémie d'E.coli gagne du terrain et la psychose s'installe. C'est une épidémie insidieuse, causée par une souche très rare. Et pendant que les Etats européens se renvoient la balle quant à la source de cette contamination, les ventes de légumes s'effondrent.
Les producteurs à genoux
Les Allemands renoncent massivement à consommer les produits frais, c'est un manque à gagner de 3 à 4 millions d'euros par jour pour la filière, selon la fédération agricole allemande Bauernverband. En France, les producteurs de concombre ont enregistré des baisses de chiffre d'affaires de 80% à 90%. Résultat : les récoltes sont stockées ; les conséquences de cette situation pourraient être très graves pour le secteur déjà touché par la sécheresse.
« C’est inédit. En légumes, nous n’avons jamais connu de problèmes sanitaires. Et ceci pour une raison simple : le concombre est constitué presque exclusivement d’eau, les bactéries ne peuvent pas se développer dessus, souligne Angélique Delahaye, présidente de la Fédération nationale des producteurs de légumes de France. Elles peuvent être présentes, par contact, avec de l’eau souillée, ou de la terre. Les producteurs ne sont strictement pour rien dans cette affaire ».
L’Espagne demande justice
Alors que certains Etats recommandent à leurs citoyens de ne pas consommer de concombres espagnols, l'Espagne, furieuse, menace de porter plainte contre les autorités de Hambourg pour avoir désigné le désormais célèbre concombre « pepino » comme origine possible de l’épidémie. L'Espagne est le leader mondial en tant qu'exportateur de fruits et légumes avec 9% de parts de marché.
D’après la Fédération Espagnole de Producteurs et Exportateurs de Fruits & Légumes (FEPEX), la crise du concombre coûterait à la filière espagnole 200 millions d'euros par semaine. Mais ce n’est pas tout. « L’alarme en Europe a affecté d’autres fruits et légumes qui n’avaient rien à voir. Nous vivons […] un préjudice économique grave, se désole Begoña Jimenez de la FEPEX. Cependant, il y a un autre préjudice, plus grand encore, c’est l'image de notre industrie et la perte de confiance des consommateurs ».
La crise sanitaire grave
Comment en est-on arrivé là ? Du producteur au consommateur, la traçabilité d’un légume avant qu'il ne finisse dans notre assiette est strictement définie par la loi. Et les méthodes de l’agriculture raisonnée, avec l’utilisation réduite de traitement chimique, sont de plus en plus répandues. C'est pourquoi, d'après Michel Lemeunier, président du syndicat des grossistes en fruits et légumes du marché de Rungis, la crise actuelle est sans précédent. En France, une cellule de crise a été activée pour surveiller l'évolution de la contamination bactérienne.
Après la grippe aviaire, après la vache folle, l'Europe est à nouveau confrontée à une crise sanitaire grave. Et même si l'on identifie le vrai coupable, sur le plan économique, le mal est déjà fait.