Un nouveau front s'ouvre dans le conflit entre Microsoft et Google. Longtemps entretenu outre-Atlantique, le litige s'enracine désormais en Europe. Le groupe informatique américain a déposé jeudi, pour la première fois de son histoire, une plainte auprès de la commission européenne contre le moteur de recherche pour abus de position dominante.
Ce nouveau chapitre de la querelle a été annoncé par Brad Smith, vice-président de Microsoft, dans un blog publié sur le site internet du groupe de Redmond. Puis, la plainte a été confirmée par les services du commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia. Depuis novembre, une enquête formelle était déjà ouverte à Bruxelles contre Google. Pour sa part, Google n'est « pas surpris », a assuré son porte-parole à Bruxelles, Al Verney, rappelant qu'une des filiales de Microsoft avait été « l'un des premiers plaignants » à Bruxelles.
Des accusations de rétention de contenus
Parmi ses griefs adressés à Google, Brad Smith reproche au géant du web d'utiliser « un nombre croissant de mesures techniques » afin de « créer des murs » empêchant l'accès correct à certains contenus d'internet pour les moteurs de recherche en ligne concurrents du sien.
Selon le vice-président de Microsoft, son rival « bloque des contenus et des données dont les concurrents ont besoin de fournir des résultats de recherche aux consommateurs et pour attirer des annonceurs publicitaires ».
Afin d'étayer ses accusations, Brad Smith a évoqué les restrictions d'accès au site de vidéo en ligne YouTube pour les moteurs de recherche autres que Google Search ou les téléphones multifonctions utilisant un logiciel Microsoft.
Les travaux de la Commission européenne
Déjà dépositaire de plusieurs plaintes par le passé, la Commission européenne a ciblé ses enquêtes sur deux marchés où Google est hégémonique en Europe : la recherche et la publicité en ligne.
En premier lieu, Bruxelles va vérifier si Google privilégie ses propres services et pénalise ceux de concurrents dans les résultats fournis par son moteur de recherche. D'éventuelles clauses d'exclusivité imposées à des partenaires publicitaires seront aussi étudiées.
Cette extension de la discorde entre les deux fleurons informatiques vers l'Europe ne relève pas du hasard . En coulisses, le moteur de recherche américain rappelle volontiers que Microsoft est à l'origine de ses récentes désillusions sur le Vieux continent.