Alors que la création musicale souffre et que la mise en place d'une « taxe Google » prévue pour juillet 2011 semble être au point mort, le ministre français de la Culture s’est révolté contre les « vertigineux revenus de la publicité en ligne » de Google et d’autres géants de l’internet. En 2010, Google a enregistré un bénéfice de 8,5 milliards de dollars sur un chiffre d’affaires de 29,3 milliards de dollars. Selon Frédéric Mitterrand, ce sont des profits sans contrepartie : « Ils bénéficient des recettes liées à la présence de contenus culturels sur la Toile sans en assurer le financement. Ils sont débiteurs de ceux qui créent, de ceux qui composent, de ceux qui interprètent et transmettent les œuvres culturelles. » Lors du Midem (24-27 juin), le ministre a reconnu d’être toujours à la recherche de « l’outil le plus adapté ». Il s’est donné six mois pour aboutir à un projet concret pour « des financements complémentaires, innovants et pérennes » de la création musicale. L'application de la taxe sur l'achat d'espace publicitaire en ligne, dite « taxe Google », a été reportée de six mois au 1er juillet 2011, après des inquiétudes exprimées par les acteurs français du secteur qui dénonçaient un mauvais ciblage de la mesure.
Huitième baisse consécutive pour le marché français du disque
Entretemps, malgré l’adoption de la loi Hadopi de lutte contre le téléchargement illégal, le marché français du disque continue à s’effondrer. Le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) qui regroupe les quatre majors Universal Music, Warner Music, EMI et Sony Music, a publié à l’occasion du Midem un nouveau recul de chiffre d’affaires de 5,9 % à 554,4 millions d’euros. C'est la huitième baisse consécutive, après une année catastrophique en 2008 (-15%) et une lueur d’espoir en 2009 (-3,2%). Seule satisfaction, le marché mondial de la musique a baissé encore plus avec 9%, par rapport à 2009.
Néanmoins, pour David El Sayegh, le directeur général du Snep, il s’agit d’ « une baisse en trompe l’œil ». Pour lui, le marché de la musique numérique constitue un véritable relais de croissance pour l'industrie musicale mondiale. L’industrie phonographique n’abandonne pas le projet d’une renaissance via le numérique qui enregistre une progression de 14,1 % en 2010, mais qui reste loin du compte. Les ventes dématérialisées représentent actuellement 16 % du chiffre d’affaires des éditeurs phonographiques, contre 13 % en 2009, mais parmi les 200 meilleures ventes d’albums en 2010, seulement 6 % étaient téléchargés.
En France, le lancement de la Carte Musique pour les 12-25 ans en octobre 2010 s’est révélé être un échec. Avec 50 000 cartes vendues, Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, a admis un « résultat en dessous de ses espérances », mais il reste convaincu du bien-fondé du projet et a promis une meilleure ergonomie de la carte, un accès par téléphone portable et une simplification du processus pour télécharger légalement de la musique sur l’internet.
TVA réduite à l'échelle de l'Europe
Sur le plan européen, Mitterrand a lancé l’idée d’un taux de TVA réduit (5,5%) pour tous les biens culturels sur Internet à l’échelle de l’Europe. Une mission a été confiée à l’ancien ministre de la Culture, Jacques Toubon, pour inclure dorénavant aussi les disques, la vidéo, la presse en ligne et les livres numériques dans le dispositif.