Après le oui au référendum en Turquie, les premières plaintes contre les putschistes

Les Turcs ont dit oui à une réforme de la Constitution, oui à 58% au rabotage des pouvoirs de l'armée et de la justice au profit du gouvernement. Le gouvernement s'est félicité de ce plébiscite et l'AKP, le parti au pouvoir issu de la mouvance islamiste, tourne un peu plus la page de la Constitution d'inspiration militaire. Dès lundi 13 septembre, des plaintes ont été déposées par des mouvements de défense des droits de l'homme au parquet d'Ankara pour que les auteurs du coup d'Etat de 1980 soient poursuivis pour crimes contre l'humanité.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

A İstanbul, Ankara, Izmir, Bursa et Diyarbakir, ce sont déjà des dizaines de plaintes qui ont été déposées contre le général Evren, chef de la junte, et les principaux chefs de l’état-major de l’époque ainsi que contre des responsables de la police.

Les associations, organisations de droits de l’homme, partis politiques, souvent de gauche qui les ont déposées réclament justice et compensation pour les accusations de coup d’Etat, changement de l’ordre constitutionnel, détention arbitraire, ou encore torture.

Des victimes de ces années de plomb, ou leurs familles, ont également promis d’engager le même genre de poursuites contre ceux qui firent régner un ordre martial pendant plusieurs années, fermant les journaux pendant pas moins de 10 mois, construisant des prisons à tours de bras quand ce n’étaient pas les casernes qui étaient transformées en centre de détention pour les 650 000 personnes qui au total furent embastillées durant ces années.

On ne sait pas encore – les juristes ne sont pas d’accord sur ce point – si ces plaintes seront jugées recevables et, si c’est le cas, à quelle vitesse elles seront instruites. Mais beaucoup d’autres suivront, c’est certain. Et le général Evren, 92 ans, a en tout cas prévenu qu’il préfèrerait se suicider plutôt que de comparaître devant un tribunal.

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