Les résultats du référendum en Turquie salués par l'UE

Ce dimanche 12 septembre, les Turcs ont voté « oui » à 58 % au référendum portant sur une série d’amendements à leur Constitution. Ce résultat a été salué en Europe et dans le monde, et Ankara le présente comme un atout sur la voie de l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne. L’horizon européen de la Turquie reste pourtant sombre, tant les réticences à cette perspective restent fortes parmi les 27 pays de l’Union.

Au lendemain du résultat du vote turc, les partisans de l’intégration de la Turquie à l’Union européenne sont montés au créneau. En Espagne, en Suède, on s’est félicité du résultat de ce vote. Le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, va dans le même sens et salue « un pas supplémentaire important sur le chemin de la Turquie vers l’Europe », s’éloignant ainsi de la position de l’Allemagne et de sa chancelière Angela Merkel, traditionnellement opposées à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

Même la Commission européenne, par la voix de Stefan Füle, son commissaire à l’élargissement, estime que la révision constitutionnelle prévue par le référendum turc «constitue un pas dans direction d’une future adhésion de la Turquie à l’Union européenne». Pour Bruxelles, « une nouvelle constitution civile fournirait un fondement solide à un développement durable de la démocratie en Turquie ».

Stefan Füle modère néanmoins son propos et affirme que Bruxelles suivra avec attention la mise en œuvre et l’application de ces réformes sur le terrain. Il ajoute également que «d’autres réformes sont nécessaires dans les domaines des droits fondamentaux, comme la liberté d’expression et la liberté de religion ».

Une opposition turque inquiète

Paradoxalement, le résultat de ce référendum, salué par l’Europe, inquiète l’opposition turque. Elle accuse AKP, le parti du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, de vouloir reprendre en main la justice, bastion de la laïcité. Selon l’historien Ahmet Kuyas, collaborateur de l'Institut français d'études anatoliennes d'Istanbul, il est même certain «que le judiciaire va être mis au pas par le gouvernement actuel».

De son côté, Ahmet Insel, qui enseigne en France et à l’université de Galatasaray, voit dans ces réformes « une vraie démocratisation ». Des avis totalement opposés qui illustrent bien les débats qui ont agité la Turquie durant la campagne électorale.

Quoi qu’il en soit, le Premier ministre Erdogan sort comme le grand gagnant de ce scrutin à moins d’un an des prochaines élections législatives qui doivent avoir lieu au plus tard en juillet 2011.

Des négociations toujours mal engagées

Malgré le soutien de plusieurs pays européens, l’adoption de ces réformes constitutionnelles ne devrait pas relancer outre mesure le processus d’adhésion à l’Union européenne. La veille du référendum, samedi 11 septembre, le gouvernement turc a d’ailleurs clairement fait entendre son mécontentement face à lenteur de ce processus, à l’occasion d’une réunion à Bruxelles avec les ministres européens des Affaires étrangères.

En effet, 18 des 35 chapitres thématiques qui balisent les pourparlers d’adhésion sont actuellement bloqués, entre autre par la France, principalement en raison du problème de Chypre, où la Turquie maintient des troupes dans la partie nord depuis 1974.

Seuls trois chapitres de ces négociations ouvertes en 2005 peuvent encore potentiellement être ouverts, après quoi les pourparlers pourraient se retrouver dans l’impasse totale, au risque d’une crise réelle entre la Turquie et l’Union européenne.
 

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