Envoyer une mission habitée sur la planète Mars : voilà un projet qui fait rêver de nombreux astronautes passionnés d’espace ! Avant que cela n’arrive, il reste encore de très nombreux obstacles à franchir, techniques mais aussi humains. Le comportement humain reste précisément une des grandes inconnues d’un tel voyage.
Comment réagiront les membres de l’équipage qui partiront un jour vers la planète rouge pour un voyage qui durera à peu près 520 jours : 250 jours pour le voyage aller, 30 jours à la surface de Mars et 240 jours pour le voyage retour. Comment vit-on confinés dans un vaisseau pendant 18 mois, loin de la Terre ? C’est pour étudier l’impact psychologique d’un tel voyage que cette expérience est réalisée.
Un vaisseau dans la banlieue de Moscou
Réalisée par l’Institut russe des problèmes biomédicaux de Moscou (IBMP) en partenariat avec l’Agence spatiale européenne, (l’ESA) et l’Administration spatiale nationale de Chine (CNSA), cette expérience propose donc de simuler le voyage vers Mars.
Les six participants vont donc vivre pendant 18 mois, coupés de tout, dans les conditions du voyage spatial, dans une sorte de vaisseau qui restera à terre, dans la banlieue de Moscou.
Selon Fernando Doblas, responsable de la communication à l’ESA le réalisme a été poussé au maximum : « Les contraintes de communication par exemple ont été reproduites avec fidélité. Les délais de réponses avec la base augmentent au fur et à mesure que le vaisseau est sensé s’éloigner de la Terre, jusqu’à atteindre 20 minutes entre la question et la réponse ! »
257 volontaires, 6 élus !
Six jeunes hommes - trois Russes, un Chinois, deux Européens - ont été sélectionnés parmi 257 volontaires, pour ce test grandeur nature de l’endurance humaine. Ils ont entre 26 et 34 ans, sont ingénieurs ou médecins, passionnés par la science et le monde de l’espace. Pour en arriver là, Ils ont subit de très nombreux tests physiques et psychologiques pendant des mois ainsi qu’une préparation intensive.
Les six hommes jouissent évidemment d’une excellente santé, et d’un très grand équilibre psychologique. Il se pourrait qu’ils en aient bien besoin car les situations stressantes ne devraient pas manquer.
L’homme ira sur Mars !
Pour Romain Charles, un français ingénieur de 30 ans, cette aventure est un aboutissement : « Etant enfant, je rêvais d’être astronaute, c’est un rêve que j’ai voulu garder intact en grandissant. Je suis convaincu que l’homme ira sur Mars bientôt et à travers cette aventure j’ai l’impression d’apporter ma pierre à l’édifice ! »
Autre sélectionné européen, Diego Urbina, au profil un peu différent : italien d’origine colombienne, il est la touche latine du groupe. Lorsqu’ on lui demande ce qui va lui manquer le plus pendant ces 18 mois, il évoque dans l’ordre sa famille, ses amis, sa petite amie, l’internet et le football : « Il n’est pas impossible que j’emporte un petit ballon pour jouer dans les couloirs. Et on m’a promis que l’on me communiquerait les résultats de la Coupe de monde, puis de mes équipes préférées en championnat » ! »
Les limites de l’âme humaine
Expériences scientifique et psychologique, pratique du sport, entretien du vaisseau, communication avec la base : les activités des participants ne manqueront pas et leur emploi du temps a été calculé au plus juste, là encore pour simuler au maximum le voyage vers Mars.
Les agences spatiales comptent sur Mars 500 pour tester les procédures opérationnelles d’une telle mission, repérer celles qui provoquent trop de stress au sein de l’équipage. Selon, Fernando Doblas, elles vont même plus loin : « C’est une occasion unique de tester les limites de l’âme humaine, de voir jusqu’où nous pouvons aller dans l’isolement et le confinement ».
Quand les six volontaires sortiront de leur vaisseau caisson, nous serons en novembre 2011. On peut parier qu’ils jetteront un regard différent sur la banlieue de Moscou et peut être sur le monde qui les entoure !
Visite guidée du vaisseau immobile Mars500 en compagnie de Romain Charles:
Pour en savoir plus :
Lire Science et Avenirs/ Le grand voyage vers Mars commence
Consulter le site
- de Futura-sciences
- de l'ESA