Qu'est-ce qui définit un journaliste en France?

L'arrestation de Gaspard Glantz, du nom de ce reporter interpellé 48 heures par la police et qui s’est vu interdire la couverture des manifestations de « gilets jaunes », nous invite à nous reposer la question du lien entre journalisme et carte de presse en France.

La scène a été filmée samedi, à Paris, lors d’une manifestation de « gilets jaunes ». On y voit un jeune homme avec casque siglé TV sur la tête qui demande à voir un commissaire de police. Il s’estime pris pour cible par un tir de grenade. Repoussé, il adresse alors un doigt d’honneur au policier. Un outrage à agent qui justifie son interpellation immédiate par les forces de l’ordre.

S’il est normal qu’un journaliste, comme tout citoyen, n’insulte pas la police, il est moins normal qu’il fasse 48 heures de garde à vue. Surtout lorsque l’on sait que ce journaliste indépendant et engagé, qui suit les mouvements sociaux, n’est pas titulaire de la carte de presse et a donc pu être considéré par le parquet et le gouvernement comme pas vraiment journaliste.

Erreur, car le Syndicat national des journalistes et 24 sociétés de rédacteurs lui ont apporté leur soutien. On peut être journaliste sans carte de presse, c’est le cas de nombreux grands reporters ou documentaristes. La carte professionnelle est plutôt le signe d’un attachement rémunéré – pour au moins 50% de ses revenus - à un ou des médias, lesquels n’ont en principe pas le droit d’employer des journalistes sans carte plus de trois mois.

Gaspard Glantz, s’est vu placé sous contrôle judiciaire et interdit de paraître à Paris, lors des manifestations, jusqu’à son procès le 18 octobre. Finalement, la justice n’a pas retenu les poursuites prévues initialement de « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations ». Mais elle lui a bien signifié qu’il ne pourrait plus d’ici là couvrir les manifestations le samedi, donc exercer son travail. Une injonction que Gaspard Glantz n’entend pas respecter même si le non respect des dispositions de son contrôle judiciaire peut lui valoir de la détention.

Cette affaire arrive la même semaine que des poursuites engagées contre des journalistes du site d’investigation Disclose et de Radio France qui ont été convoqués à la mi-mai dans le cadre d’une enquête déclenchée par le parquet de Paris pour « compromission du secret défense ». Il leur est reproché d’avoir révélé que des armes françaises, des Rafale et des chars Leclerc, étaient bien utilisées dans la guerre que mène l’Arabie saoudite au Yémen.

Des poursuites opérées au mépris du secret des sources et qui ressemblent bien à de l’intimidation. Faut-il préciser que le journalisme, ce n’est pas seulement poser des questions psychologisantes au chef de l’Etat, comme lors de sa conférence de presse de jeudi, c’est aussi mettre à jour des vérités gênantes pour le pouvoir. Que ce soit des ventes d’armes ou des violences policières.

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