avec notre correspondant à Stockholm, Frédéric Faux
Le musée des « nourritures dégoûtantes » est un endroit où vous allez pouvoir tester vos limites devant l’odeur du requin fermenté, qui est un must en Islande, ou devant le durian, fruit asiatique à l’inimitable goût de vomi. Ou encore avec ce pénis de taureau, encore tout sanguinolent, que l’on déguste en Chine après l’avoir fait bouillir. Sans oublier les vers, insectes, et autres larves, très appréciés sous d’autres latitudes.
Tester nos limites, et prendre aussi conscience de celles de l’autre, c’est tout le pari de ce musée unique. Car ce que nous considérons comme dégoûtant, à cause de son odeur, ou de son apparence, peut-être aussi vu hors de nos frontières comme une véritable gâterie. Ce sont ainsi quatre-vingts mets qui sont présentés aux visiteurs, dont certains peuvent être sentis, touchés, et même mangés.
Il y a des nourritures très exotiques, venues de contrées lointaines, mais aussi des choses qu’on trouve en Europe, et qui ne font pas l’unanimité...
Regardez par exemple la «marmite», cette pâte à tartiner anglaise à base d’extrait de levure. Ca ressemble un peu à du cambouis, ça a pour moi d’ailleurs le goût du cambouis, mais les Anglais qui ont été élevés avec la «marmite» adorent ça. Ne serait-ce qu'en Suède, il y a d’autres exemples. Vous trouvez par exemple ici des boîtes de sursrtömming, du hareng fermenté. L’odeur est si écœurante qu’il faut ouvrir ces boîtes dans un seau d’eau, sur son balcon. C’est vraiment insoutenable, mais beaucoup de gens ici trouvent ça très bon.
Le (dé)goût est une construction culturelle
Le créateur de ce musée est un Américain, Samuel West et son idée rencontre un grand succès. Elle rappelle que le dégoût est d’abord une construction culturelle. Mais au-delà de cette leçon il veut aussi faire passer un vrai message sur notre façon de nous nourrir. Pour Samuel West, on a tout à apprendre en regardant dans l’assiette de l’autre. Il faut trouver d’autres sources de protéines, qui ne détruisent pas l’environnement.
Peut-être que les insectes, finalement, ce n’est pas si dégoûtant. Et les algues. Et les larves... Dans un monde de plus en plus peuplé, aux ressources limitées, il faut se rendre à l’évidence : nos habitudes alimentaires devront forcément changer.