France: l’info continue en gilet jaune

C'est l'acte IV de la mobilisation des gilets jaunes ce samedi 8 décembre. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a mis en garde à propos de la couverture de cette journée. Les chaînes d'information continue sont particulièrement surveillées.

Le CSA a appelé vendredi les médias à la responsabilité pour ne pas mettre en danger les policiers et contre toute diffusion « complaisante, déséquilibrée ou insuffisamment vérifiée d’images et de commentaires qui attiseraient les antagonismes ». Dans son viseur, il y a toutes les scènes de violence qui peuvent engendrer une violence plus grande encore si elles sont exploitées et détournées sur les réseaux sociaux. Une charge contre des casseurs n’est ainsi pas perçue de la même façon si l’on pense qu’elle s’exerce contre des manifestants pacifiques. Il faut aussi que les antennes soient explicites sur le direct, certains ayant pu croire que cela brûlait encore samedi dernier place de l’Etoile vers 21 heures alors que les images étaient celles de l’après-midi. Enfin, il y a toujours des risques de tendre le micro en direct à des gilets jaunes qui se révèlent totalement extrémistes comme cet individu censé être l’emblème du mouvement, à la Une de Paris Match, et qui s’avère être un antisémite négationniste.

Que la couverture des chaînes de télé puisse jouer un rôle pour augmenter le niveau de violence en marge des manifestations, c’est l’opinion de 64% des Français selon un sondage Harris Interactive pour Télé Star. Pour bien les informer sur le sujet, les Français font confiance à la presse et à la radio, au service public d’abord, mais ils sont plus réservés s’agissant de certaines chaînes. BFM TV, par exemple, arrive en bas de classement, puisque seuls 52% lui font confiance. C’est peu compte-tenu de son audience qui a explosé ces dernières semaines, BFM TV arrivant régulièrement en cinquième position des chaînes et raflant la moitié de l’audience des chaînes d’info.

Mais BFM vit aussi dans une sorte de schizophrénie. D’un côté, elle se met aux couleurs du jaune et se place en état d’édition spéciale permanente en invitant des gilets jaunes sur son plateau, surtout depuis qu’elle a compris, comme beaucoup, que ce mouvement était très soutenu dans l’opinion. Mais de l’autre, elle se montre parfois condescendante ou surplombante avec des gilets jaunes qui n’ont pas les codes de l’expression publique, comme cet homme qui traitait de « collabos » ses détracteurs.

Enfin, il ne faut pas sous-estimer la communication gouvernementale. En parlant de « guérilla urbaine », en mettant en garde contre un très haut risque de violence, même s’il est avéré, le gouvernement a cherché à dissuader les manifestants de venir sur Paris ce samedi. Dès lors, les chaînes se font l’écho de ces avertissements et elles apparaissent vite comme les relais de la parole policière et gouvernementale.

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