Nous venons d’assister à des élections qui montrent que ce combat de la normalité démocratique n’est pas encore gagné au Pakistan.
Certains signes sont positifs bien sûr : à commencer par le fait qu’il s’agit, pour cette nation indépendante depuis 1947, de la 2e transition d’un gouvernement civil vers un autre, dans un pays marqué, depuis 71 ans, par des coups d’État militaires et des assassinats politiques.
En fait les choses ont commencé à s’améliorer avec le départ du pouvoir du général Musharraf en 2008. Et le mandat qui s’achève a été dominé depuis 2013 par le PML-N dominer par la famille Sharif.
Autre signe positif d’ailleurs : l’ex Premier-ministre Nawaz Sharif, convaincu de corruption, est rentré au pays pour purger sa peine. À nuancer tout de même : son frère candidat Shabaz avait promis qu’en cas de victoire, Nawaz devait sortir rapidement de prison.
Espoir douché, après l’annonce de la victoire d’Imran Khan victoire controversée de son parti le PTI, le PML-N et une autre formation arrivée troisième, le PPP de Bilawal Bhutto Zardari, autre famille célèbre du pays, estimant que le scrutin a été marqué par de nombreuses irrégularités.
Mais, sauf retournement de dernière minute, la victoire revient donc à l’ancienne star de Cricket. Celui qui était connu jadis pour son goût de la fête et du luxe s’est affiché pendant la campagne électorale comme le candidat anti-corruption.
Avec ses voisins, Inde bien sûr, mais aussi Afghanistan, Chine et Iran, il promet des relations pacifiées et mutuellement profitables.
Enfin, il veut mettre en place un « État-providence islamique ». Et il s’est d’ailleurs rapproché de certains partis islamistes.
Sur ces thématiques, il a attiré de nombreux jeunes, mais aussi les plus pauvres des Pakistanais, lassés des scandales.
Mais ce Monsieur propre ne l’est peut-être pas autant qu’il le prétend. Il est soupçonné par ses opposants d’être l’homme de paille, ou la marionnette, des militaires, toujours très puissants au Pakistan, même s’ils ne sont plus en mesure d’exercer une férule directe sur le pays depuis dix ans. Mais du coup ils agissent par influence ou pression, et Imran Khan devra démontrer qu’il n’est pas leur instrument, destiné surtout à démolir l’influence de la famille Sharif. Certains analystes parlent d’ailleurs de ce scrutin comme d’un « putsch militaire silencieux ».
Imran Khan est donc attendu au tournant, pour convaincre que cette élection s’inscrit bien dans une forme de normalité démocratique.
Les Pakistanais eux, attendent avant tout une amélioration de leurs conditions de vie, surtout pour l’accès à l’eau et à l’électricité dans certaines villes de ce pays de 200 millions d’habitants, il arrive fréquemment que les coupures d’électricité durent douze heures.