Donald Trump veut-il briser l’Europe ?

Comme chaque vendredi, la chronique de Bruno Daroux, Le Monde en Questions. Cette semaine, retour sur le déplacement de Donald Trump cette semaine en Europe, d’abord à Bruxelles pour le sommet de l’Otan, puis à Londres pour une visite bilatérale en Grande-Bretagne, et avant de retrouver Vladimir Poutine à Helsinki. Et la question posée est la suivante : Donald Trump cherche-t-il à briser l’Europe ?

À long terme, il aimerait voir diminuer le rôle et l’importance de l’Union européenne. À court terme, il estime que les États-Unis ont été depuis trop longtemps trop généreux dans leurs relations avec l’Europe ou le Canada. D’où sa volonté d’instaurer des taxes sur certains produits européens – ce qui a attiré la riposte de ces derniers.

Car Donald Trump est avant tout un businessman. Son slogan de campagne, « America first », ne dit rien d’autre. Il veut modifier des accords ou des traités qu’il estime désavantageux pour son pays, changer la donne sur le montant des contributions des Etats membres de l’Otan. Et il n’hésite pas à accuser les mauvais élèves, selon lui. D’où ces déclarations incroyables contre Angela Merkel, accusée de ne faire aucun effort en matière d’effort de dépenses militaires.

Un président pas comme les autres

Décidément, ce président-là n’est pas comme les autres. Tel un homme d’affaires habitué aux négociations viriles, il utilise d’abord la menace, puis s’adoucit, et à la fin, il voit ce qu’il a obtenu. Ça marche plus ou moins bien – pas très bien en ce qui concerne le sommet de l’Otan, qui a finalement confirmé l’effort de dépense des Etats membres, décidé en… 2014.

De Bruxelles à Londres… Au Royaume-Uni, Trump estime d’abord que Theresa May est en train de négocier un mauvais Brexit –  avant de dire que madame May est une femme remarquable. Mais lui reste sur la ligne d’un Boris Jonhson, partisan d’un Brexit dur. Pour couper les liens avec l’Europe et donc l’affaiblir.

Ce que n’aime pas Donald Trump dans l’Europe

Car ce que Trump n’aime pas avec l’Europe, c’est sa construction plurielle, sa croyance dans le multilatéralisme. Lui, il aime le face-à-face, d’homme à homme pourrait-on dire – le bilatéral avec des forts, et pas les discussions interminables avec de petits Etats qui se sentent plus forts à plusieurs. Car ainsi, ils arrivent bien sûr à résister aux pressions américaines.

Peu importe que ce soient des alliés de 70 ans, que l’Otan et l’Union européenne n’aient pas à rougir de leur bilan. Donald Trump n’en a cure. Il n’aime pas ces « machins » où tout se dilue, l’Union européenne, l’ONU, l’Organisation mondiale du commerce. Où, surtout, le rôle des États-Unis est moindre.

Défendre ses électeurs

Alors bien sûr il y a dans toutes ces postures, ces tweets et ces inélégances, une préoccupation de politique intérieure : à quatre mois des mid-terms, Trump veut montrer à ses électeurs qu’il les défend, qu’il défend leurs dollars, et leurs intérêts, seul contre tous.

Tout ceci est d’un simplisme affligeant. Mais Trump, qui déteste les arguties diplomatiques, est persuadé que cela paie à moyen terme – avec l’Iran, avec la Corée du Nord et avec les plus anciens alliés des États-Unis. Et tant pis si le fossé se creuse dangereusement au sein du camp occidental. Trump s’en moque. Ses rivaux, Russes et Chinois observent le spectacle, sans doute réjouis.

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