Considérée comme exagérée par certains, l’utilisation du mot pogrom n’est pourtant pas excessive. Dans l’histoire, en Europe orientale, la plupart des pogroms étaient dirigés contre les juifs. Maintenant, c’est contre les populations roms. Ce sont de jeunes ultranationalistes, pour certains néonazis, qui décident de s’en prendre à un campement isolé, de tout détruire, de violenter les habitants et de les chasser de l’endroit. Cette fois, ils sont allés jusqu’à tuer une personne et en blesser plusieurs autres. C’est la cinquième attaque depuis le mois d’avril. Pour beaucoup de défenseurs des droits de l’homme, il était inévitable que ces pogroms deviennent un jour meurtriers.
Une police passive
L’essentiel du problème demeure dans la passivité de la police. Les agresseurs sont en général bien identifiés. Ils se mettent en scène sur les réseaux sociaux, dans des vidéos YouTube. Pourtant, aucun n’est inquiété par la justice, celle-ci se montrant parfois impuissante, et souvent complaisante.
Néanmoins, après le pogrom meurtrier de samedi, les autorités ont arrêté sept suspects. L’un d’entre eux, un jeune de 20 ans, encourt la prison à vie. Le chef de la police nationale a même reconnu que ces attaques étaient « chose commune » et « immorales ». C’est un premier pas, timide, vers la résolution du problème. Mais c’est toujours plus que ce que les autorités ont fait ces derniers mois puisque les ultranationalistes bénéficient en général d’une impunité à toute épreuve.
Un problème récurrent
Il ne s’agit pas de reprendre les mots de la machine de propagande russe et de dire que le régime ukrainien actuel est une junte fasciste. Mais l’Ukraine a bel et bien un problème avec les radicaux ultranationalistes et néonazis violents. Des individus se servent de la cause de la défense de la patrie dans un contexte de guerre pour lutter contre un prétendu ennemi interne, ou pour envoyer des messages politiques, ou alors tout simplement pour se défouler. Ni la société civile ni les autorités ne se résolvent à aller à l’encontre de ceux qui se présentent comme patriotes. Ces groupes ont donc, pour la plupart, les mains libres. En plus, beaucoup sont instrumentalisés par des partis politiques, dans un contexte de campagne électorale.
Cette manipulation se traduit par des pogroms, mais aussi des agressions contre les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme, les militants LGBT+ et autres. Et tant que ces attaques ne sont pas sanctionnées, la spirale de violence n’est pas prête d’être enrayée.