Elle n’avait alors que 13 ans quand l’homme auquel elle avait été promise et qui avait 16 ans de plus qu’elle, l’avait déflorée au terme d’un contrat de mariage décidé au Pakistan. La fillette avait dû subir un avortement à son retour au Royaume-Uni et son cas avait été signalé par le médecin aux services sociaux qui n’avaient pas donné suite.
En 2016, la mère de la jeune fille âgée alors de 17 ans, a prétexté des vacances en famille pour la convaincre de se rendre au Pakistan ; une fois là-bas et toujours sous la pression de sa mère, l’adolescente a dû signer les papiers du mariage, organisé dans la foulée en septembre. La jeune fille a néanmoins réussi à alerter des amis au Royaume-Uni qui ont, à leur tour, prévenu les services sociaux et la police de Birmingham. Les autorités britanniques l’ont alors aidée à rentrer en Grande-Bretagne et ont arrêté sa mère à son retour.
Le nombre de mariages forcés sous-estimé
D’après les derniers chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur, près de 1200 mariages forcés ont été recensés en 2017. Mais en réalité, selon les experts, ce nombre ne représente qu’une fraction des unions forcées et ils estiment que qu'environ 8 000 jeunes femmes pourraient être mariées contre leur gré chaque année au Royaume-Uni. Une pratique qui concerne surtout des familles originaires du Pakistan, du Bangladesh et d’Inde. Et ce, malgré la loi votée en 2014 sous l’ancien Premier ministre conservateur David Cameron qui avait estimé que le mariage forcé n’était rien d’autre que de l’esclavage. La loi fait malgré tout la différence entre mariages forcés, sans consentement et mariages arrangés.
Une première condamnation en quatre ans de loi
Il est très difficile de condamner quelqu’un pour mariage forcé, parce que la police doit la plupart du temps convaincre des membres de la famille incriminée de témoigner les uns contre les autres, ce qu’ils ne veulent pas faire. Et c’est d’ailleurs cette loyauté qui décourage les victimes elles-mêmes ou leurs proches d’alerter les autorités ou les services sociaux. C’est pour ça que cette condamnation est extrêmement significative : c’est un message fort adressé aux familles qui veulent imposer cette pratique qui rappelle qu’obliger quelqu’un à se marier contre sa volonté est illégal et puni par une peine de prison conséquente.
Les associations et les autorités espèrent aussi que les victimes qui sont actuellement en souffrance et gardent le silence de peur de subir des représailles vont être encouragées à demander de l’aide, à médiatiser le traumatisme qu’engendre cette pratique et à terme, la faire disparaître.