C’est en 1984 que le milliardaire américain George Soros a commencé à donner des bourses d’études à de jeunes Hongrois. C’était à la fin du communisme et le régime s’ouvrait tout doucement. C’est d’ailleurs grâce à George Soros que Viktor Orban, l’actuel premier ministre nationaliste, a obtenu une bourse pour étudier quelques mois en Angleterre.
Et puis, en 1989, la fondation « Open society » a officiellement vu le jour. Elle a soutenu les nouveaux partis politiques, y compris celui de Viktor Orban. Elle a financé la presse indépendante. Aujourd’hui elle subventionne une soixantaine d’ONG, qui s’occupent de soutien scolaire aux enfants défavorisés, qui défendent les droits de l’homme et qui luttent contre la corruption. Chaque année, la fondation distribue 3,6 millions de dollars à la société civile hongroise. Elle aide aussi des associations dans le monde entier.
Direction Berlin pour des raisons politiques
Le déménagement dans la capitale allemande est motivé par des raisons politiques. Il y a une campagne de calomnies menée depuis près de deux ans par le gouvernement Orban, une campagne aux relents antisémites, car George Soros est d’origine juive. De plus, deux événements récents ont convaincu la fondation qu’il valait mieux partir.
D’abord, le gouvernement a fait espionner des associations soutenues par l’Américain. Cette opération d’espionnage a été confiée à une société privée qui emploie d’anciens agents du Mossad. La société a réalisé des enregistrements clandestins et a ensuite fait un montage pour discréditer George Soros. Ces méthodes, qui rappellent celles de la police secrète communiste, ont été un signal d’alarme.
Le deuxième élément, c’est la loi « Stop Soros » qui doit être votée début juin. Une loi très répressive qui concerne toutes les ONG des droits de l’homme, même celles qui ne sont pas soutenues par Soros. Le texte ouvre la voie à des perquisitions policières et à des inspections abusives du fisc qui pourra saisir les documents, geler les comptes... ce qui empêcherait la fondation de faire son travail et de financer les associations, en Hongrie et ailleurs. En effet, depuis Budapest, la Fondation travaille avec des associations du monde entier. Le risque est trop grand, et donc c’est par prudence que la fondation déménage ses bureaux à Berlin.
L'expulsion d'Orban du PPE peu probable
Manfred Weber, le président du PPE, le parti le plus important du parlement européen, auquel appartient la formation de Viktor Orban, a récemment déclaré que la loi anti-ONG était une « ligne rouge à ne pas franchir ». Mais l’expulsion de Viktor Orban de ce parti européen reste peu probable. Viktor Orban a complètement démoli l’Etat de droit en Hongrie, il n’y a plus aucune institution indépendante qui l’empêche d’exercer un pouvoir absolu et pourtant, le PPE n’a jamais réagi.
De plus, ce groupe parlementaire a besoin du parti de Viktor Orban pour avoir un maximum de sièges aux élections européennes de l’an prochain. Peut-être que le PPE va taper du poing sur la table. Viktor Orban modifiera 1 ou 2 articles de la loi. Pour le PPE, l’honneur sera sauf et Viktor Orban pourra continuer à gouverner, comme avant.