Avec notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère
« Vous êtes des traîtres à la patrie ! » crient des centaines de manifestants derrière les barrières de police qui leur interdisent l'accès à la place du Parlement.
Eva travaille dans l'édition. Cette quadragénaire qui préfère garder l'anonymat est venue exprimer sa colère contre ce nouveau Parlement qu'elle juge illégitime. « Les élections étaient truquées ! Ils ont amené en camion des Hongrois qui vivent en Ukraine, pour qu'ils votent ici », lance-t-elle.
Toutes les plaintes pour fraude ont été rejetées par la Commission électorale, dominée par le parti de Viktor Orban. Malgré tout, l'opposition a accepté de siéger au Parlement. Ce qui rend Eva furieuse. « Les députés de l'opposition devraient être ici avec nous ! S'ils prêtent serment, ils seront des marionnettes dans la main d'Orban ! Comme les députés de son parti, le Fidesz ».
La police autorise finalement les quelques centaines de manifestants à s'avancer sur la place du Parlement. Drapeau bleu aux étoiles d'or - les couleurs de l'Europe - sur les épaules, Kevin, 19 ans, est venu de Vienne. Car comme beaucoup de jeunes hongrois, il est étudiant en Autriche. « Là-bas, en Autriche, les perspectives sont bien meilleures pour moi, explique-t-il. Les gens sont beaucoup plus ouverts, plus gentils aussi. Mais c'était important pour moi d'être ici aujourd'hui, de représenter les valeurs de l'Europe. Il faut essayer de faire avancer un peu ce pays ! »
Pendant ce temps, au Parlement, les députés ont prêté serment après une bénédiction religieuse. D'habitude, celle-ci a lieu dans une église. Mais elle s'est tenue dans l'hémicycle, par peur des manifestants.