Images «Macron-compatibles»

La communication d’Emmanuel Macron et des dernières nominations de Fabrice Fries à l’Agence France Presse et de Sybile Veil à Radio France, deux institutions médiatiques qui dépendent de l’Etat.

C’est un grand classique avec les présidents de la Ve, mais c’est aussi particulièrement frappant avec Emmanuel Macron : rien n’est laissé au hasard. Le président donne le sentiment de contrôler ses apparitions médiatiques, pour ne pas dire de verrouiller l’accès à l’information du pouvoir. On l’a vu jeudi lors de son interview au journal de 13h, face à Jean-Pierre Pernault, qui a réuni 6,4 millions de téléspectateurs. Une interview formatée pour la France rurale et régionale dans une école d’un petit village de l’Orne, où le duo Macron-Pernault a fait mieux que l’interview itinérante de Laurent Delahousse, en décembre sur France 2, avec ses 5,7 millions de téléspectateurs.

Sans surprise, on y a parlé de la perte du pouvoir d’achat des retraités, de la limitation à 80 km heure sur les routes françaises, de la grève des cheminots… Le président n’apparaissait pas dans la solennité de l’Elysée mais un peu comme un maître d’école, quelqu’un qui vous veut du bien et qui est là pour vous éduquer. Dimanche, ce sera au tour de BFM TV et de RMC d’interroger le président avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel puisqu’à la demande de l’Elysée, le président de Mediapart a été sollicité pour jouer les intervieweurs. Une façon habile de montrer que le président n’a peur de personne et ne fuit pas la critique.

Pourtant, en matière d’accès à l’information, l’Elysée ne brille pas par sa très grande ouverture. Une journaliste d’Associated Press a même dit qu’au « vu de l’accès aux salles de presse et aux porte-paroles, la France est plutôt du côté des non-démocraties ». Il est d’ailleurs toujours question de sortir le bureau des agences de presse de l’enceinte de l’Elysée. Et si on a vu jusqu’ici une communication très people, par exemple dans l’émission de Cyril Hanouna sur C8 ou au Taj Mahal en couple sur TF1, pas de conférence de presse avec questions-réponses lors des vœux à la presse comme du temps de François Hollande.

On découvre aussi que ce sont des profils très macron-compatibles qui apparaissent à la tête de Radio France, de l’AFP ou de La chaîne parlementaire LCP-AN. Sybile Veil est une ancienne camarade à l’Ena du président que son mari a soutenu pendant la campagne. Fabrice Fries est aussi un énarque, ancien patron de Publicis Consultants, qui arrive à la tête de l’AFP parce que l’Etat a refusé de soutenir le sortant Emmanuel Hoog. Et enfin Bertrand Delais est réputé à LCP pour les documentaires assez élogieux qu’il a tournés sur Macron. Bref, avant la grande réforme annoncée de l’audiovisuel public, certains craignent de voir l’Elysée mettre les médias d’Etat… en ordre de marche.

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