En Catalogne, la division des indépendantistes

Le vide du pouvoir se prolonge en Catalogne depuis les législatives régionales du 21 décembre, emportées par les séparatistes. Le problème, c'est que le seul candidat officiel n’est autre que Carles Puigdemont, le président de l’exécutif catalan congédié par Madrid pour avoir organisé un référendum d’autodétermination unilatéral, et désormais en exil volontaire en Belgique.

De notre correspondant en Espagne,

1/ Le blocage, c'est que l’investiture de Carles Puigdemont s’éternise

En termes judiciaires, Puigdemont est un fugitif, sur lequel pèse un mandat d’arrêt. la justice espagnole veut le juger pour « sédition » ou « rébellion », des charges très graves qui peuvent lui valoir entre 15 et 30 ans de réclusion. Le Tribunal constitutionnel ne l’empêche pas d’être candidat à l’investiture, mais seulement après avoir été détenu et avoir l’autorisation d’un juge. Et bien évidemment, Puigdemont ne veut rien de cela. Ce qu’il veut, ce sont des garanties des autorités espagnoles lui permettant de rentrer sans problème et de se présenter dans le parlement autonome de Barcelone pour redevenir le président catalan. C’est le blocage.

2/ Un blocage qui, on l’imagine, est insupportable pour certains

C’est la question centrale. En public, le camp indépendantiste est uni, il ne veut pour candidat que Puigdemont. Mais comme dans la pratique, c’est pratiquement impossible, c’est une lutte sans merci entre les pro-Puigdemont et ceux qui veulent un autre candidat. Puigdemont dispose certes encore d’une garde rapprochée, mais l’autre grand parti de la coalition sécessioniste, Esquerra, en a assez de cette attente. Le leader d’Esquerra, Junquera, l’ancien bras droit du gouvernement de Puigdemont, se trouve lui en prison pour rébellion, mais il a renoncé à être son successeur.

3/ Le déblocage, ce serait donc qu’il y ait un candidat séparatiste qui ne soit pas poursuivi par la Justice ?

Tout à fait. Pourquoi ? Parce que c’est tout simplement le pouvoir en Catalogne qui est en jeu. Depuis novembre, le pouvoir central de Rajoy a mis la région sous tutelle. C’est Madrid qui contrôle les finances, la police, l’éducation de Catalogne. Et cela, pour des séparatistes, c'est insupportables. La plupart d’entre eux, des pragmatiques, veulent dépasser leurs divisions et imposer un candidat vierge, qui convienne à Madrid, qui ne soit pas dans le viseur de la justice. C’est ce que tout le monde attend. Et il faut se presser. Sinon, il faudra organiser de nouvelles élections où les sécessionnistes ne sont pas sûrs de l’emporter. Et alors, tout sera perdu pour eux.

Partager :